4.46 Deon Meyer & Romans Noirs d'Afrique du Sud
Romans de Deon Meyer :
- (af) Feniks 1996 - Jusqu'au dernier, Seuil, "Policiers" (2002)
- (af) Orion 2000 - Les Soldats de l'Aube, Seuil, "Policiers" (2003)
- (af) Proteus 2003 - L'âme du chasseur, Seuil, "Policiers" (2005)
- (af) Infata 2005 - Le pic du diable, Seuil, "Policiers" (2007)
- (af) Onsigbaar 2007 - Lemmer, l'invisible, Seuil, "Policiers" (2008)
- (af) 13 Uur 2008 - 13 heures, Seuil, "Policiers" (2010)
- (af) Spoor 2010 - À la trace, Seuil (2012)
- (af) 7 Dae - 7 jours , Seuil, "Policiers" (2013)
- (af) Kobra 2013
Romans auteurs divers (Afrique du Sud) :
- Mélanges de sangs : Roger Smith
- Tuerie d'octobre, la : Wessel Ebersohn
Titre : Jusqu'au dernier
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2003)
Résumé :
Mat Joubert, capitaine à la Brigade des vols et homicides du Cap, en Afrique du Sud, est sur ses gardes depuis l'arrivée du colonel Bart De Wit. Celui-ci, récemment nommé à la tête de ce service par le ministre noir de l'intérieur, est un ancien de l'ANC, vif, calculateur et ambitieux.
À peine installé dans ses nouvelles fonctions, il demande à Mat d'arrêter de fumer, de perdre quinze kilos, et l'envoie chez une psychologue pour qu'il retrouve toute son efficacité dans le travail.
Tâche difficile pour le capitaine qui a perdu son épouse depuis deux ans et, avec elle, son envie de vivre et de se battre. Il lui faudra pourtant remonter le courant lorsque deux affaires réclameront sa perspicacité légendaire.
La première concerne un braqueur de banque, doux, aimable, surnommé "Monsieur Mon Cœur". La seconde est plus obscure : des meurtres sont perpétrés avec un Tokarev, arme utilisée par les guérilleros marxistes qui sévissaient en Angola et avec un mauser, ressurgi de la guerre de Boers.
Poursuivi par la presse, aiguillonné par le colonel De Wit et de nouveau attiré par les femmes, Mat émerge de ses ténèbres pour plonger dans celles de l'assassin.
Titre : Les Soldats de l'aube
Auteur : Deon Meyer
Édition : Éditions du Seuil (2004)
Résumé :
Zatopec, dit "Zet", van Heerden fut un brillant officier de police de la brigade des vols et homicides du Cap, en Afrique du Sud. Pour l'heure, il s'applique à traîner, de bar en bar, une culpabilité dévorante et une violence à fleur de peau.
C'est donc presque malgré lui qu'il est amené à enquêter, pour le compte de l'avocate Hope Beneke, sur le meurtre de Johannes Jacobus Smit, tué d'une balle de M16 dans la nuque après avoir été torturé à la lampe à souder. Wilna, l'épouse de la victime, rapidement mise hors de cause, les pistes sont minces pour orienter les investigations de Zet.
Prêt à renoncer, il découvre par hasard que le coffre de la victime contenait des dollars US, et que Smit cachait des secrets risquant de mettre en péril de hautes instances qui n'ont guère envie
de faire la lumière sur des affaires empoisonnées aux relents de racisme d'avant apartheid.
Critique :
Un homme assassiné dans sa maison, un testament volé et une veuve qui, n'étant pas mariée au défunt, va devoir faire une croix sur les pèpètes.
Voilà un début qui est aussi trépidant qu'un épisode de l'inspecteur Derrick.
Son avocate qui demande à Van Heerden, ancien flic de faire la lumière sur ce papier volé...Trépidant comme Derrick, toujours.
Là, je m'étais qu'au lieu de m'attarder en Afrique du Sud, j'aurais mieux fait de décoller pour l'Europe ou de me taper un roman noir américain. Et j'aurais eu tort de quitter l'Afrique du Sud
!
Certes, ça commence un peu lentement, mais une fois accroché, la surprise est de taille !
L'écriture ? Un plaisir ! La narration ? Alternance de récit à la troisième personne et certains chapitres à la première personne parce que Zatopek (Zet) Van Heerden va nous raconter une partie
de sa vie afin d'expier ses fautes passées.
Van Heerden... Un personnage trouble, troublé, torturé, mais sans sombrer dans la caricature. Voyez-vous même : Zet a le caractère d'un Dr House croisé avec un pit-bull qui aurait une épine dans le coussinet, le tout avec des relents d'un Mike Tyson. Monsieur est mélomane aussi.
Il y a de la profondeur dans ce personnage auquel on s'attache immédiatement.
Durant son enquête, tout en ronchonnant et en distribuant quelques coups de poings, on va découvrir son passé, ce qui s'est passé lorsqu'il était enquêteur ainsi qu'une partie de sa
jeunesse.
La mort de son père, ses masturbations, son dépucelage (ah, j'en vois qui relève la tête, intéressés), ses études... C'est Zet qui nous écrit sa propre histoire, non pas comme un romancier, mais
plutôt comme témoin de sa propre vie.
Deux mystères dans le roman : qui a tué Jacobus Smit et forcé son coffre et que s'est-il putain bien passé ce jour maudit pour l'affecter autant !! Comment est-il passé d'un enfant souriant à un
homme aigri ? Surtout qu'il nous répète que tout le monde se trompe sur la cause de son mal-être.
Mon seul bémol sera que je n'ai pas vraiment senti (au début) que j'étais en Afrique du Sud, hormis les noms des personnes et les noms des journaux à consonance hollandaise.
Plus loin dans le récit, on sentira alors tout le poids de l'apartheid qui est toujours bien là, cette haine latente entre les Blancs et les Noirs. Mais ce sera surtout au travers des souvenirs
d'un autre personnage du livre.
Niveau personnages, Zet n'est pas le seul a être bien travaillé, les autres aussi, de l'avocate aux mercenaires, en passant par les flics, militaires et tutti quanti.
Ce roman qui avait tout des airs d'un Derrick pépère se révèle donc plus profond que ce que j'avais pensé au début. Le suspense est présent, savamment dosé et le mystère ne sera dévoilé
qu'à la fin.
Personnages au poil, avec un Zet qui a les manières d'un Rick Hunter - la précision de tir en moins - la sagacité d'un Sherlock et le caractère d'un ours mal léché qui aurait gagné Master Chef,
vu la manière dont il nous mitonne des bons petits plats.
On aura un passage limite "Piège de cristal" avec des balles qui siffleront à vos oreilles et là, je vous conseille de vous planquer derrière le divan !
Un très beau voyage en Afrique du Sud et je compte bien encore réitérer l'expérience avec l'agence de voyage Deon Meyer.
Challenge "Thrillers et polars"
de Sharon (2015-2016) et Lire "À Tous Prix" chez
Asphodèle (Grand prix de littérature policière 2003 et Prix Mystère de la Critique 2004).
Titre : L'âme du chasseur
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2006)
Résumé :
Deon Meyer nous invite à une superbe course poursuite à travers une Afrique du Sud toujours en proie à ses vieux démons. Véritable force de la nature, "P'tit" Mpayipheli fut un agent des services secrets sudafricains.
Depuis le changement de régime, il s'est refait une vie honorable et paisible.
Mais un jour la fille d'un vieux camarade de lutte lui demande son aide: son père a été enlevé et ses ravisseurs exigent une rançon bien particulière.
Que faire? Renouer avec un passé de meurtres et de corruption pour sauver son ami ou le laisser tomber pour protéger sa nouvelle existence?
L'Âme du chasseur a été salué comme un grand livre par le maître du policier américain (Michael Connelly).
Titre : Le pic du diable
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2008)
Résumé :
Pour l’ex-combattant de la lutte anti-apartheid Thobela Mpayipheli, retrouver le pays après les années qu’il a passées en Europe est dur. Chômage, misère, perte de l’être cher, il a tout vécu.
Mais il lui reste un fils adoptif, qu’il élève avec amour.
Hélas, cela aussi lui est enlevé. Douleur, colère, puis désir de vengeance chez quelqu’un qui sait tuer: Thobela se met à abattre tous ceux que la justice accuse de pédophilie. les meutres se
succédant, la policer du Cap confie le dossier à l’inspecteur Griessel.
Alcoolique, il devra résoudre l’affaire si famille, travail et honneur, il ne veut pas perdre.
Courageux, il fait ce qu’il faut et entre en relation avec Christine, une prostituée qui craint pour sa fillette.
S’engage alors entre Mpayipheli, Griessel et Christine une poursuite où amour, espoir et déchéance se mêlent dans un récit d’une superbe construction.
Titre : Lemmer, l'invisible
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2008)
Résumé :
A la Body Armour, société de protection des puissants, les gorilles sont chargés d'intimider les malfaiteurs - les invisibles, qui ne paient pas de mine, étant des gardes du corps bien plus redoutables.
Invisible, Lemmer a fait quatre ans de taule pour meurtre et tente de refaire sa vie lorsqu'on lui confie une nouvelle mission: protéger la belle et frêle Emma Le Roux, patronne d'un cabinet de consultants. Il va la voir et écoute son histoire.
Elle lui dit avoir vu son frère à la télé. Il est soupçonné d'avoir tué un sorcier et des braconniers dans la province de Mpumalanga et serait en fuite. Seul problème: ce frère est censé être mort depuis longtemps. Emma appelle la police et accepte l'idée qu'il s'agirait d'une erreur. Mais, deux jours plus tard, trois hommes essaient de la tuer.
Lemmer, qui la prenait pour une folle, décide de l'aider dans son enquête.
Qu'elle lui mente sûrement n'a plus d'importance: lui aussi veut savoir...
Titre : Treize Heures
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2010)
Résumé :
Le Cap. 5h36: une Américaine monte la côte de Lion's Head en courant, traquée.
5h37: l'appel réveille l'inspecteur Griessel. Il y a eu meurtre. Une femme.
7h02: Alexa Barnard découvre le cadavre de son mari volage. 9h00: Griessel comprend que former une nouvelle génération de flics risque d'être compliqué.
Passé 12h00: la course contre la montre pour sauver une jeune touriste vire au cauchemar.
Et à 5h30, on tire sur Griessel. Treize heures ordinaires dans la vie d'un inspecteur des homicides du Cap.
Titre : À la trace
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2012)
Résumé :
A la trace tranche sur les romans précédents par sa structure ambitieuse. L'action progresse staccato. L'art du pisteur, évoqué par une citation en début de chapitre, illustre la manière dont chacun des protagonistes va laisser des traces. Toutes, à un moment donné, se recouperont : septembre 2009.
Milla Strachan, lasse de vingt ans de mariage-maltraitance, plaque son mari et est embauchée par la Presidential Intelligence Agency, branche des services secrets. La PIA surveille un groupuscule islamiste qui semble attendre une importante livraison par bateau.
Lemmer, l'antihéros de Lemmer l'invisible, est chargé par un défenseur des espèces animales menacées d'assurer le transfert à la frontière du Zimbabwe de deux inestimables rhinos noirs.
Lors d'une fusillade, il est dépossédé de son Glock, où ses empreintes abondent. Il n'aura de cesse de le récupérer
Mat Joubert, au service de l'agence de détectives privés créée par l'ex-inspecteur Griessel (deux revenants !) enquête sur la disparition de Davie Flint, cadre de l'Atlantic Bus Company, qui
s'est volatilisé devant son club de gym.
Titre : 7 jours
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2013)
Résumé :
Un mystérieux imprécateur menace, dans un mail délirant, d’abattre un policier par jour tant que le meurtrier de la belle avocate d’affaires Hanneke Sloet n’aura pas été arrêté.
Et s’empresse de joindre le geste à la parole.
La police du Cap, prise de panique, charge Benny Griessel, déjà rencontré dans Le Pic du diable et 13 Heures, de rouvrir l’enquête, au repos depuis plus d’un mois.
Pas d’indices, pas de mobile, pas de témoins, juste quelques photos où la victime posait nue, une forte pression venue du sommet de la hiérarchie, et un sniper insaisissable manifestement décidé
à poursuivre sa mission.
Fragilisé par la piètre opinion qu’il a de lui-même, déchiré entre le désastre de sa vie privée et son exceptionnelle conscience professionnelle, Griessel va devoir repartir de zéro.
À l’arrière-plan se dessine bientôt un paysage urbain d’intérêts politiques et financiers, de compromission et de corruption, qui ouvre bien des perspectives et nous indique plus d’une fausse
piste. Jusqu’au stupéfiant coup de théâtre final.
Titre : Kobra
Auteur : Deon Meyer
Édition : Seuil (2014)
Résumé :
Paul Anthony Morris, mystérieux client britannique de la guest-house d'un domaine viticole de Fransshoek, a disparu, et ses trois gardes ont été tués. Seul indice: des douilles de cartouches gravées d'une tête de cobra. Dès le début de son enquête, Benny Griessel se heurte à la réticence du consulat et de sa hiérarchie.
Au Cap, le jeune Tyrone Kleinbooi dérobe sous l’œil d’une caméra de surveillance le sac d’une touriste dans la marina du port. Alors qu'ils s'apprêtent à l'interroger, les agents de sécurité sont
abattus méthodiquement par un tueur cagoulé qui laisse sur place des douilles gravées d'une tête de cobra.
Tyrone réussit à s’échapper en emportant son butin, mais quand, peu après, sa sœur Nadia est kidnappée, Benny le soupçonne d'être en possession d’un élément crucial.
Le tueur semble être un professionnel surnommé Kobra, mais pour qui travaillerait-il ?
Et Paul Anthony Morris se révèle être un brillant mathématicien, inventeur d'un logiciel permettant de repérer, dans les transactions financières mondiales, le parcours de l’argent sale issu du
crime organisé et du terrorisme. Qui a commandité son enlèvement ?
Titre : Mélanges de sangs
Auteur : Roger Smith
Édition : Calmann-Lévy (2011) / Livre de Poche (2013)
Résumé :
Jack Burn, sa femme enceinte et leur petit Matt sont en plein dîner lorsque deux membres du gang des Americans les agressent. Ex-marine qui a fui les États-Unis après un hold-up meurtrier, Jack les tue… tous les deux.
Le vieux veilleur de nuit Benny Mongrel a vu les gangsters entrer dans la villa, mais sans en ressortir. Ancien du gang des 28, il vit dans l’enfer des Flats et, ne voulant surtout pas replonger, il ne dira rien de ce qu’il a vu à personne.
Jusqu’au jour où le flic Gatsby Barnard l’interroge et commet une erreur impardonnable.
La guerre est alors déclarée et tous les coups sont d’autant plus recommandés que Barnard est lui-même sous la surveillance de Disaster Zondi, un enquêteur zoulou qui veut sa tête pour torture, meurtre et corruption.
Petit Plus : Terrifiante description des Flats, ce roman a reçu le Deutschen Krimi Preis et fera l’objet d’un film avec Samuel L. Jackson dans le rôle de Disaster Zondi.
Critique :
Afrique du Sud. Direction Le Cap. De grâce, laissez vos vuvuzelas au placard et munissez-vous plutôt d'une arme à feu car ce n'est pas au stade de foot que nous allons, mais dans les Cape Flats.
Et vu l'endroit et les multiples gangs, vaut mieux être armé !
Si vous rêviez de l'Afrique du Sud comme destination de vacances, ne lisez pas ce livre.
Tout compte fait, lisez-le et changez ensuite de destination ! Ça vous évitera de vous retrouver à Cape Town, la ville la plus dangereuse du pays, celle où la criminalité est un fléau depuis des années.
Une dichotomie flagrante : d'un côté, les villas luxueuses des nantis, les Blancs, protégées (mais pas toujours) et de l'autre, les Flats où toute la misère du monde semble s'être donnée rendez-vous. Drogues, viols d'enfants, meurtres, enlèvements, tabassages en règle, règlements de comptes, alcool, pauvreté, trafics en tout genre...
Des personnages aux parcours et origines différentes - mais pas tant que ça - vont se croiser et s'affronter.
Jack Burn, américain, a emménagé au Cap, dans les beaux quartiers, avec sa petite famille. Notre homme a tout de l'être propre sur lui jusqu'à ce qu'il tue les deux petites frappes qui s'étaient introduits chez lui. Sombre passé ??
Benny Niemand ("Personne" en afrikaans) est un métis, a fait de la prison et était un galonné dans le gang des Mongrel, le gang 28. Maintenant, il est veilleur de nuit sur un chantier et ça a toute son importance.
Rudi Barnard - Blanc - flic obèse et ventripotent : plus corrompu et sadique que lui, tu meurs.
Disaster Zondi, un zoulou, Noir, enquêteur et super-flic qui est là pour faire tomber Barnard.
L'apartheid a beau être de l'histoire ancienne et avoir été aboli, on le sent toujours présent, les tensions raciales ne se sont pas fait la malle et la couleur de peau revêt toujours une importance capitale. Pas qu'entre les Noirs et les Blancs, mais aussi chez les Métis. Selon qu'ils sont café léger au lait, café sans beaucoup de lait ou lait russe. Ça change tout.
Destins croisés, vengeance, rédemption, passé sombre, fautes, erreurs qui se payent cher... Tout se mêle et s'entremêle entre les protagonistes pour se terminer en feu purificateur et destructeur.
Les personnages sont travaillés, sans en faire trop l'auteur nous donne l'essentiel.
L'écriture se lit toute seule mais la plume est sans pitié pour la ville du Cap, ses bidonvilles, sa corruption et son taux de criminalité élevé.
Un roman noir qui dépote, violent, un roman où les flics sont pourris et se foutent bien de résoudre les crimes qui ont lieu dans les Flats.
Un roman superbe qui ne vous donnera pas envie d'aller visiter la ville où Mandela fut emprisonné (la prison de Pollsmoor après son transfert).
Challenge "Thrillers et polars" de Canel (2014-2015), Lire "À Tous Prix" chez Asphodèle (Deutschen Krimi Preis) et Ma PAL "Canigou"… C’est du massif !
Titre : La Tuerie d'Octobre
Auteur : Wessel Ebersohn
Édition : Payot et Rivages (2014)
Résumé :
A l'âge de 15 ans, Abigail Bukula assiste au massacre de ses parents lors d'un raid perpétré par un commandi de blancs contre des militants anti-apartheid.
Elle est épargnée grâce à un jeune soldat.
Des années plus tard, devenue juriste et haut fonctionnaire du nouveau gouvernement Sud-africain, Abigail revoit Leon Lourens, le soldat qui l'a sauvée. Il lui demande de l'aider car les membres de l'ancien commando ont presque tous trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses.
La jeune femme va devoir retourner dans un passé qu'elle préfèrerait oublier, et, pour cela, elle sollicite le concours d'un homme singulier qui a travaillé sous le régime de l'apartheid : Yudel Gordon, juif, psychiatre des prisons et enquêteur à ses heures.
Les 3 autres volumes de la série, tous en collection Rivages/Noir, sont : La nuit divisée (1993), Coin perdu pour mourir (1994), Le cercle fermé
(1996).
Critique :
Après le Mali et le Kenya, j'ai décidé de poser mes valises dans l'Afrique du Sud post-apartheid.
Chouette, l'apartheid est mort ! Tout va bien, alors ? Ben non, pas vraiment. Certaines mauvaises idées de meurent jamais..
L’Afrique du Sud tourne sur trois pattes et les Township sont toujours un enfer sur terre. Même si les Blancs ont moins de pouvoir, le racisme ambiant a encore de beaux jours devant lui et si certains Noirs ont accédé à des postes, il en reste encore beaucoup qui crèvent à petits feux dans les quartiers miséreux.
Abigail Bukula est l'illustration des Noirs qui ont réussi à gravir les échelons et cette petite bonne femme a un courage monstre, une personnalité fouillée et bien des secrets cachés en elle.
C'est elle qui a survécu au raid, visant des militants anti-apartheid, il y a 20 ans, (en 1985) grâce à un soldat. De ce qui s'est passé durant le raid, nous ne le saurons que petit à petit, afin de ménager le suspense.
Si vous cherchez du trépidant, oubliez ce roman. L’enquête n'a rien d'un 24h/chrono, même si elle vous tient en haleine car l'heure tourne et on se rapproche de la date fatidique.
En fait, l'enquête sert plus à mettre la lumière sur les dysfonctionnements de la société et ses vieux démons de l'apartheid qui ne sont pas encore tout à fait mort.
Dans ce roman noir, tout est centré sur les personnages, fouillés, psychologiquement aboutis, dont un récurent : Yudel Gordon (que j'ai découvert ayant commencé par le dernier), juif et ancien psychiatre des prisons ayant fait carrière sous l’apartheid.
Ici, les gens qui ont fait carrière sous l'apartheid ne sont pas tous des salauds de la pire espèce, que du contraire. Les personnages sont bien plus fins et plus complexe que ça. Tourmentés, aussi, d'avoir travaillé sous l'ancien régime.
— À Maseru, j'ai été sauvée par un homme bon qui défendait une mauvaise cause, et le lendemain, j'ai été délivrée par un homme
mauvais qui se battait pour une bonne cause.
— Rien n'est jamais simple dans la vie.
A contrario, les héros sous l'apartheid ne sont pas toujours des chevaliers purs et bons, certains ont même tout du psychopathe sanguinaire. Pire, certains de ces assassins ont même été récompensé en accédant à des hautes fonctions.
La situation politique du pays fournissait à certains une raison "moralement acceptable" de tuer. Et rien n'a changé sous le soleil. Puisqu'on ne fait pas d'omelettes sans casser d’œufs, on ne change pas un pays sans que des innocents trinquent méchamment.
De l'avis de Yudel, ce n'était qu'un opportuniste à qui la situation politique du pays fournissait une raison moralement acceptable de tuer.
Sans jamais sombrer dans la surenchère, juste avec quelques situations bien décrites ou des dialogues qui font mouches, l'auteur arrive à nous décrire une Afrique du Sud qui se cherche encore, ses fêlures, ses dysfonctionnements, sa misère dans les Township et le racisme qui est toujours présent dans l'esprit de certains.
Simon Mkhari, par exemple, avait brûlé vive une femme de soixante ans, coupable d'avoir acheté de quoi manger dans une épicerie tenue par un Blanc, contrevenant ainsi aux ordres de boycott.
L'enquête est bien menée, les personnages, à la psychologie fouillée, m'ont entrainé dans une Afrique du Sud qui a mal et l'auteur m'a subjugué avec sa plume simple, mais efficace, perfide aussi, et qui a fait mouche sans sombrer dans le grandiloquent ou le n'importe nawak.
Un roman noir coup de poing et un final coup de pied dans le cul.
Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016)