4. The private life of Sherlock Holmes - La vie privée de Sherlock Holmes


La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes) est un film britannique réalisé par Billy Wilder en 1970.



Synopsis :


Sherlock Holmes et le docteur Watson sont invités à une soirée des Ballets russes, sur l'initiative de la danseuse étoile Madame Petrova : celle-ci voudrait d'Holmes un enfant qui ait son intelligence et lui offre en échange un violon Stradivarius.


Le détective refuse, prétextant que Watson est son « compagnon ».


Un peu plus tard, un cocher amène à leur domicile une jeune femme amnésique qui vient d'échapper mystérieusement à la mort et n'a sur elle qu'un indice, l'adresse des deux hommes.


Cette personne, retrouvant la mémoire, déclare s'appeler Gabrielle Valladon et demande à Holmes, qui accepte, d'enquêter sur la disparition de son mari. Le frère du détective, Mycroft Holmes, un agent du Gouvernement, le dissuade de poursuivre ses recherches.


Holmes va néanmoins poursuivre ses investigations qui vont le mener aux abords du Loch Ness...


 

Fiche technique

  • Titre original : The Private Life of Sherlock Holmes
  • Titre français : La Vie privée de Sherlock Holmes
  • Réalisation : Billy Wilder
  • Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond, basé sur les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle
  • Décors : Alexandre Trauner
  • Costumes : Julie Harris
  • Photographie : Christopher Challis
  • Son : Roy Baker
  • Montage : Ernest Walter
  • Musique : Miklós Rózsa
  • Société de distribution : United Artists Corporation
  • Pays d’origine : États-Unis,  Royaume-Uni
  • Genre : Film policier
  • Durée : 117 minutes
  • Dates de sortie : décembre 1970

 

Distribution

  • Robert Stephens (V.F. : Marc Cassot) : Sherlock Holmes
  • Colin Blakely (V.F. : Albert Médina) : le docteur Watson
  • Geneviève Page (V.F. : Geneviève Page) : Ilse von Hoffmanstal, alias Gabrielle Valladon
  • Christopher Lee (V.F. : Raymond Loyer) : Mycroft Holmes
  • Irene Handl (V.F. : Hélène Tossy) : Mme Hudson, la logeuse de Holmes
  • Clive Revill (V.F. : Serge Nadaud) : Nikolai Rogozhin, le directeur des Ballets russes
  • Tamara Toumanova : Mme Petrova
  • George Benson : l'inspecteur Lestrade
  • Catherine Lacey : la vieille dame en chaise roulante
  • Mollie Maureen (V.F. : Henriette Marion) : la reine Victoria
  • Peter Madden : Von Tirpitz
  • Michael Elwyn : Cassidy
  • Stanley Holloway : le premier fossoyeur
  • Eric Francis : le second fossoyeur
  • Graham Armitage : Wiggins


Analyse :


Au moment d'une diffusion télévisée en 1989, Patrick Brion (alias André Moreau) écrivait dans Télérama :


"Sherlock Holmes — déclarait Billy Wilder — a toujours été un de mes personnages de fiction préféré, comme Cyrano et Les Trois mousquetaires.


Ce n'est pas un moraliste, ni un redresseur de torts qui veut livrer les criminels à la justice. Cela, il s'en moque. Ce qui l'intéresse, c'est de résoudre l'énigme.


Son grand regret, ce n'est pas qu'il y ait des crimes, mais qu'il y ait des crimes sans imagination.


Wilder a donc choisi, non pas d'adapter une des nouvelles de Conan Doyle, mais de se livrer à une éblouissante variation sur Holmes et Watson.


L'atmosphère victorienne est recréée avec beaucoup de goût, grâce notamment aux décors d'Alexandre Trauner.


L'esprit de Billy Wilder apparaît tout au long du film, que ce soit dans la description, parfaitement narquoise, du couple Holmes-Watson, ou dans un dialogue exceptionnellement brillant, sans oublier l'apparition d'une reine Victoria assez surprenante.


C'est dire que le film ravira tant les amateurs de Billy Wilder que ceux de Sherlock Holmes, confronté à une ténébreuse intrigue où se croisent des nains, le monstre du Loch Ness et le frère de Sherlock. Une grande réussite".



À savoir :


C'est un Billy Wilder fragilisé par ses derniers échecs qui s'attaque à une nouvelle extravagance : un film épique, énorme, sur Sherlock Holmes, dans lequel le personnage de fiction serait traité comme un homme ayant existé, et bien sur dans lequel la voix du Dr Watson allait pouvoir être entendue à sa juste valeur.


Ce film, on le sait, on ne le verra probablement jamais en entier, puisqu'il a été mutilé avant sa sortie par les Mirisch, et qu'aucune des quatre scènes qui avaient été enlevées afin de raccourcir la durée du film n'a survécu.


Ce qui reste, ce sont les 125 minutes de la version que les Mirisch ont assemblée, afin de capitaliser un tournage somme toute cher, et prestigieux.


Néanmoins, une fois ramené à une longueur moins effrayante, ce film est un bien bel anachronisme en 1970 : situé à la fin du XIXe siècle, il épouse le verbe de Conan Doyle, ça et là rehaussé de ces brillants traits d'humour Wilderiens.

 

Ici, le fin limier, formidablement incarné par Robert Stephens, possède des mœurs douteuses, est complètement manipulé par une femme qui de plus se révèle être une espionne, et s'adonne à la cocaïne dans une solution diluée à 7 pour cent (telle que Conan Doyle l'avait décrite dans son oeuvre).


Finalement les scénaristes accentuent les défauts du détective mais respectent le personnage et l'époque victorienne où ce dernier évoluait.


Par ailleurs, le scénario du film donnera une novélisation signée Michael et Mollie Hardwicke, deux grands experts holmésiens.


Le terme de "private life" adopté dans le titre, et qui était déjà dans la version de 180 minutes, fait allusion à la nature scabreuse du film, et au fait que dans les sujets ici retenus, il est largement question de sexe, et d'une manière générale des rapports de Holmes avec les femmes en général.



Le prologue du film commence avec un générique qui nous fait comprendre que nous allons assister à une succession d'affaires laissées de coté par Watson du vivant de Holmes afin de ne pas écorner la légende.


On n'en aura en vérité que deux : celle de la ballerine Russe de passage à Londres et l'affaire Valladon...


Ce que j'en ai toujours pensé :

Oui, vous devez vous douter que vu mon addiction pour Sherlock Holmes, ce film avait été vu et revu depuis longtemps !


Je profite juste de l'occasion du Mois Anglais 2015 pour me refaire quelques lignes de Sherlock. Mes films préférés que je n'avais pas encore chroniqué.


Pour les premiers de classe, pas besoin de vous rappeler l'émoi qui m'avait saisi lorsque j'étais tombée sur le roman de Michaël Hardwick nommé "La vie privée de Sherlock Holmes" en 1990 (chronique ICI). Mon coeur avait de nouveau raté quelques battements lorsque, peu de temps après, j'avais vu qu'il existait en film et qu'on le difusait à la télé !


Bon, je n'orgasme plus lorsque je le revisionne, mais le plaisir est toujours là, même si la surprise originelle du livre n'existe plus.


Si Billy Wilder s'est basé sur un apocryphe, il a tout de même réuni les choses essentielles qui font Holmes : le détective qui s'ennuie lorsqu'il n'a pas d'affaire en cours, qui s'adonne de temps en temps à la cocaïne pour stimuler son brillant cerveau et son côté maussade quand il a le cerveau au repos forcé, sans oublier son violon.


Holmes râle même sur Watson qui l'a fait trop grand dans ses chroniques !



Par contre, j'ai toujours un peu de mal avec l'acteur qui incarne Watson... Il manque de flegme et je le trouve un peu trop ronchon, trop excité, genre petit roquet et pas toujours très futé. Watson n'avait pas les dons de Holmes, mais ce n'était pas un branque non plus.


Il me fait un peu penser au rôle qu'avait Jack Lemmon dans "Some like it hot" : celui de Daphné, le Jiminy Cricket de Tony Curtis.


L'avantage de connaître l'histoire, c'est que je me marre à l'avance lorsque Holmes et Watson sont invité à l'opéra et que Holmes est reçu dans la loge de Madame Petrova, la danseuse étoile qui voudrait que Holmes soit son étalon...


La manière dont il lui explique avec soin qu'il décline son invitation est à mourir de rire. Il essaie tout, même la maladie de l'hémophilie avant de balancer que lui et Watson... sont de la jaquette !



Le pauvre Watson qui dansait au milieu de toutes les jolies danseuses de l'opéra verra progressivement son cheptel de femelles diminuer pour être remplacé par tous les danseurs, à son plus vif désaccord.


Et je ne vous raconte même pas sa crise de retour à Baker Street quand Holmes lui avouera le mensonge qu'il a dû dire afin d'éviter de devoir saillir madame Petrova !


Watson prendra très mal la chose, et lors de sa discussion avec Holmes, il lui demandera de confirmer qu'il a bien des rapports avec les femmes, ce que Holmes refusera de faire, laissant la question en suspend. 



Si Robert Stephens n'est pas mon Sherlock Holmes préféré, j'ai appris à l'apprécier en apprenant, bien après, qu'il était un ami de Jeremy Brett (mon Holmes préféré) et qu'il l'avait mis en garde sur le personnage de Holmes qui avait failli le tuer...


Ce que je reproche à l'acteur, c'est le fait qu'il l'air un peu tsoin-tsoin, parfois. Et pour moi, bien que le personnage de Holmes ne soit pas intéressé par les femmes et qu'il s'en méfie ne fait pas de lui un homo. Vu la manière dont il est maquillé dans la scène de l'opéra, on pourrait croire qu'il est vraiment de la jaquette !


Là où le film commence à devenir intéressant, c'est lorsque la pauvre Gabrielle Valladon débarque chez nos deux compères avec sa mémoire lui faisant défaut... Elle a reçu un coup sur la tête et ne se souviens plus de rien.



Ne sachant plus qui elle est ni ou elle est, notre Gabrielle fera irruption, totalement nue, dans la chambre de Holmes, au soir, pensant qu'il est son mari ! Elle l'invite même clairement à le rejoindre dans le lit...


Holmes, pas trop perturbé, s'intéressera alors à un indice pour son identité : elle a une marque d'encre sur la paume.


Mais comme dans le livre, nous ne saurons pas plus ce qu'il s'est passé entre eux deux... Coucherie or not coucherie ?


Le lendemain, c'est Watson qui découvre la jeune femme seule, couchée dans la chambre de son ami.


Le retour de Holmes dissipera l'équivoque. En tout cas, Watson et surtout madame Hudson, la logeuse, seront outrés par le fait que Holmes ne l'ait pas chassé de sa chambre.


Durant tout le film, Gabrielle Valladon et Holmes vont maintenir une étrange relation, distante, mais pas trop, laisant flotter une certaine équivoque quant à la nature de leurs relations.


Le pot-aux-roses ne sera jamais dévoilé, seuls les sentiments de l'un et de l'autre seront, eux, parfaitement clairs.


Le film a vieilli, certes, mais il se regarde toujours avec plaisir. On voyagera de Baker Street au Club Diogène, le club de Mycroft, le frère de Sherlock, interprété par Christopher Lee.


Cet ancien Holmes et ce futur Saroumane, est excellent dans le rôle.


Et comme avec le Mycroft de la BBC, on ne sait pas très bien à quoi il joue.



Ensuite, malgré le fait que son frère l'en dissuade, Sherlock va emmener sa petite troupe sur les bords du Loch Ness, faisant passer sa cliente, Gabrielle Valladon, pour son épouse (ils ont tous pris une fausse identité) et Watson comme valet.



Le film est rempli de petites péripéties et de moments un peu plus intimes entre Holmes et Gabrielle, mais vous ne verrez pas une scène de cul ou même le début, tout reste parfaitement propre ! Dommage...


Les dialogues sont succulents et lorsqu'on a vu souvent le film, on prend plus attention aux détails, comme ses moines que l'on voit passer plusieurs fois en arrière-plan.


Tous les petits détails qui semblaient anodins au départ trouvent leur sens une fois qu'on nous les explique et on additionne nous même les faits pour se rendre compte qu'on s'est fait mener par le bout du nez depuis le début.


Billy Wilder avait semé des petits cailloux tout au long du film et nous n'y avions pas prêté attention, trop occupés que nous étions à avoir notre attention ailleurs.


Ni Sherlock, ni nous, n'avions vu venir la chose...



La scène finale est splendide de mélancolie et c'est alors que tout s'éclaire : après avoir eu lecture du télégramme, Holmes tenter de jouer du violon, puis l'abandonner pour s'adonner à son autre passe-temps, sous le regard de Watson.


Si Watson avait donné son approbation tranquille à l'écoute des notes de musique, ce sera l'inquiétude en entendant le violon s'arrêter, et sa désapprobation totale lorsque, sans un mot, Holmes se dirigera vers la petite mallette qui contient la solution à 7%.


Une scène dans laquelle toute la science de Wilder, sa délicatesse, mais aussi son amour du détail, vont droit au but, et en disent plus long sur Holmes, et aussi sur Watson, que les paragraphes entiers de Sir Arthur Conan Doyle.


 

A juste titre, "La Vie privée de Sherlock Holmes" est considéré par les amoureux du détective comme l'une des meilleures variations du personnage à l'écran.


"Variation" car Billy Wilder et son vieux compère I.A.L Diamond ont écrit un scénario original, qui reprend les personnages créés par Arthur Conan Doyle, afin de mieux s'attaquer au mythe du personnage de Sherlock Holmes.

 


Le film plus long allait plus loin encore, aussi bien sur les mensonges et les stratagèmes que sur les aspects graveleux (un épisode concernait les raports ambigus de Holmes et d'une prostituée, un autre voyait Watson tenter de résoudre une affaire impliquant des fêtards nus dans un lit, etc).


Watson entrait en compétition avec Holmes, lui soumettant une affaire truquée par ses soins, infaisable, mais dont Holmes triomphait sans souci.


Une touche discrète reste dans le film, de façon insistante : Holmes n'est pas infaillible.


Son propre frère le roule dans la farine d'une façon évidente, il n'a pas vu venir la ruse de sa propre cliente, et il refuse au début de s'intéresser à une affaire (des nains de cirque ont disparu) qui aura des répercussions importantes sur l'affaire Valladon. Tout ceci, bien sur, par vanité...



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