9. L'Interprète Grec - The Greek Interpreter
SAISON 1- ÉPISODE 9
- Producteur : Michael Cox, Stuart Doughty
- Adaptation : John Hawkesworth
- Réalisateur : Alan Grint
- Scénariste : Derek Marlowe
- Décorateur : Margaret Coombes
- Musique : Patrick Gowers
- 9ème épisode tourné
- Série 2 : 2/6
- 1ère diffusion : Angleterre : 1er sept 1985 - ITV Network (9ème épisode diffusé); Etats Unis : 6 février 1986 - WGBH; France : 19 février 1989 - FR3 (9ème épisode diffusé)
- Durée : 50 min 25 sec
-
Distribution :
Jeremy Brett ... Sherlock Holmes
David Burke ... Dr. John Watson
Charles Gray ... Mycroft Holmes
Alkis Kritikos ... Mr. Melas
Anton Alexander ... Paul Kratides
George Costigan ... Wilson Kemp
Nicholas Field ... Harold Latimer
Victoria Harwood ... Sophy Kratides
Rita Howard ... Mrs. Stern
Oliver Maguire ... Inspector Gregson
Le pitch ?
Pour la première fois, le docteur Watson entend Sherlock Holmes évoquer sa famille et lui révéler l’existence de son frère de
7 ans son aîné, Mycroft.
Ce dernier plus habile que lui, mais moins doué d'énergie, les invites au Club Diogène pour leur soumettre l'affaire étrange
d'un interprète grec.
Monsieur Melas a été engagé par un certain Harold Latimer pour servir d'interprète entre un grec et deux anglais qui les retiennent, lui et sa sœur contre leur volonté.
Conduit de force, les yeux bandés dans un lieu secret, il a été témoin des sévices infligés au grec, qui par son refus
obstiné de signer un document met sa vie en danger.
Un port, la nuit... Un homme dans la rue, bagage à la main. Un certain monsieur Latimer vient le chercher et l'emmène vers sa voiture, tirée par deux chevaux (oui, une deux chevaux !!) et boum, il assomme l'homme !
Baker Street, la rue animée.
Le prologue est laissé à Watson qui nous dit que Sherlock Holmes n'a jamais parlé de sa famille et qu'il avait fini par croire qu'il était orphelin. Nous aussi, tiens.
Jusqu'à ce que Holmes lui parle de son frère !!
Baker Street, intérieur... Un bordel de papier est étalé dans l'appartement (ce n'est ni la première ni la dernière fois).
Et voilà que Holmes nous parle de sa mamy, qui était la sœur du peintre Vernet et enchaîne sur son frère Mycroft qui possède les mêmes qualités que lui, Sherlock reconnaît même qu'il lui est supérieur dans le don d'observation.
C'est dans ce dialogue que Holmes lui dit qu'il déteste la fausse modestie, Watson ayant pensé, à tort, que son détective d'ami faisait son modeste...
– Mon cher Watson, dit-il, je ne saurais être d’accord avec ceux qui rangent la modestie parmi les vertus. Pour le logicien, toutes les choses doivent être exactement ce qu’elles sont, et se sous-estimer soi-même, c’est s’écarter de la vérité, autant qu’exagérer ses propres mérites. Donc, quand je dis que Mycroft a des facultés d’observation supérieures aux miennes, vous pouvez croire que je dis à la lettre l’exacte vérité.
Pourquoi son frère n'est-il pas connu en tant que détective ?? Parce qu'il n'est pas un homme de terrain, il ne sort jamais ses rails "Pall Mall Whitehall".
C'est son frère qui a fondé le Diogene's Club.
– Le club Diogène est le plus étrange de Londres et Mycroft est un de ses membres les plus étranges. [...] Il y a à Londres, vous le savez, beaucoup d’hommes qui, les uns par timidité, les autres par misanthropie, ne recherchent nullement la société de leurs semblables. [...] C’est pour la commodité de ces gens-là que le club Diogène a été formé, et il compte, maintenant, les hommes les plus asociaux, les plus ennemis des clubs qui soient à Londres. On ne permet à aucun membre de se préoccuper d’un autre. Sauf dans la salle des Étrangers, il est interdit de parler, dans quelques circonstances que ce soit, et trois infractions à cette règle, si le comité en est informé, peuvent entraîner l’exclusion du bavard. Mon frère fut l’un des fondateurs et j’ai moi-même trouvé dans ce club une atmosphère éminemment sédative.
Le côté drôle de la scène, c'est la tête de Watson qui vient d'apprendre que Holmes avait une famille et que oui bien sûr il veut le rencontrer, ne fut-ce que pour vérifier qu'il existe !!
Dans cette série, les robes des dames sont magnifiques, le costume noir et haut-de-forme de Holmes est superbe, mais alors, les décors, purée, la classe !
Surtout le Diogene's Club ! Des boiseries partout et une bibliothèque à vous faire tomber raide mort !
Cet épisode, je l'apprécie surtout pour une scène : Mycroft Holmes, assis sur une escabelle dans le bow-windows, aussi large que Sherlock est mince, la figure rougeaude et bon enfant.
Il invite son cadet à le rejoindre sur l'escabelle en face et tout deux vont se livrer à un exercice de déduction sur un type dans la rue. Un vrai match de tennis, chacun en ajoutant ou corrigeant l'autre, sous les yeux ébahis de Watson.
Pour moi, c'est un pur moment de bonheur !
C'est Charles Gray qui joue le rôle de Mycroft, rôle qu'il connait bien puisqu'il avait déjà interprété ce rôle en 1976 dans le film "The seven-per-cent solution" tiré du roman de Nicholas Meyer (traduit en français sous le titre "Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express).
Charles Gray était taillé pour interpréter Mycroft. Il a le profil physique, décrit dans le canon comme corpulent, au visage massif, au regard d'acier et au sourire énigmatique passant de
l'aménité à la dureté.
Et cet Holmes là excelle tout aussi bien que son célèbre cadet, dans l'art de la déduction, comme en témoigne leur joute devant la fenêtre.
Leurs rapports sont très complices, faits d'émulation intellectuelle et de tendresse fraternelle.
Lorsque Mycroft s'avance pour accueillir monsieur Mélas, Sherlock émerge de sa large stature, donnant l'impression que le jeune frère s'échappe de l'ombre envahissante de son aîné pour prendre la
prérogative.
Après ce petit échauffement, Mycroft parle à son frère de Monsieur Melas, interprète grec, à qui il est arrivé une bien curieuse affaire !
Ici, beaucoup de moments angoissants, surtout lorsque monsieur Melas raconte comment il a été emmené un soir, par un mystérieux individu pour se retrouver à faire le traducteur entre deux hommes anglais et un grec dont le visage était quasi tout bandé.
La pièce est remplie de meubles couverts de draps afin de les protéger des poussières... ambiance !
Si Latimer a encore quelques airs de gentleman, son complice, Kemp, a tout de la gueule du truand sadique.
Melas a aussi une paire de couilles, parce qu'il a testé les deux salopards en ajoutant quelques petits mots grecs dans les questions qu'il devait poser au pauvre gars, et, ne voyant aucune réaction de leur part, en a conclu qu'ils ne pétaient pas un mot de la langue du pays de la feta.
Alors, tout en répétant sans cesse "Vas-tu signer le document ?", il converse avec le pauvre hère qui, incapable de parler, doit tout écrire sur un petit tableau.
Durant tout l'interrogatoire, l'inquiétant Kemp affiche en permanence un sourire narquois, avec ses petits yeux presque enfantins écarquillés derrière ses lunettes rondes à la Harry Potter qui aurait sombré du côté obscur de la Force.
Son langage caustique et son rire sadique renforcent la gêne et le coté sordide de l'histoire.
L'équipe du film a gardé les dialogues entre les interlocuteurs anglais et grecs dans leurs langues maternelles, ce qui donne plus de réalisme en accentuant le côté énigmatique, l'impossibilité
de communiquer et de se mettre d'accord.
Melas, d'ailleurs, lorsqu'il parle anglais, a une pointe d'accent ! Oui, j'ai visionné en V.O STFR.
Notre Mélas (qui était dedans) étant en train d'en apprendre de plus en plus sur cet énigmatique prisonnier lorsqu'une dame fit irruption dans le salon, se plaignant qu'elle s'emmerdait (bon, pas en ces termes, je vous l'accorde)...
Le prisonnier se lève et hurle "Sophiaaaaaa".
Melas touchera 5 souverains pour oublier cette soirée et, après deux heures de trajet dans la voiture aux fenêtres masquées, il se fera déposer sans ménagement devant chez lui.
Ces moments angoissants et très mystérieux seront contrebalancés par un Sherlock qui réveillera brusquement Mycroft, endormi durant le récit !
Petite mention spéciale à la phrase que nous sort Mycroft, avec un petit sourire d'excuses, presque :
— Sherlock est l'énergique de la famille !
Comme toujours, beaucoup de mystères entourent cette aventure : que fait ce grec en Angleterre, qui est cette femme qui semble le connaître, pourquoi le retient-on prisonnier, pourquoi veut-on lui faire signer un document à tout prix...
Tiens, ça va même faire sortir Mycroft de ses rails : il vient rendre visite à Sherlock car il a obtenu des réponses à ses petites annonces (qui n'étaient pas matrimoniales !).
Beaucoup de scènes de rues, aussi, avec Sherlock qui passe à la boutique de livres en bas de chez eux, des enfants qui courent un peu partout, des fiacres, des charrettes de foin.
Ça fleure bon l'ambiance victorienne !
On court beaucoup et on s'énerve aussi, surtout Sherlock qui, ayant été prévenir Scotland Yard, doit attendre l'arrivée d'un mandat dûment signé pour aller dans la maison des deux salauds afin de récupérer Melas et le sieur Kratides.
Ben oui, le pauvre traducteur s'est de nouveau fait enlever...
Rhôôôô, la petite pique que lance Mycroft à Sherlock quand celui-ci dit que la sœur de Kratides n'a pas dû se faire enlever, mais suivre les deux truands de son plein gré.
— Vous avez toujours la même opinion des femmes ?
— Dans ce cas, j'ai peur que ce soit justifié.
Le final dans le train ne se trouve pas dans la nouvelle canonique et c'est bien dommage parce qu'il vaut son pesant de tabac !!
Une poursuite pareille, c'est génial sans sombrer dans le jamesbondien.
Holmes qui fume dans un wagon où il est marqué que c'est interdit et Mycroft qui a dû courir pour monter dans le train, hurlant :
— Je ne suis pas fait pour courir, Sherlock !
J'aime bien Mycroft, parce que sous ses airs de gros ours débonnaire, il a de la suite dans les idées et, sans en avoir l'air, sera utile dans le final, même si, dans le compartiment, il dormait à poings fermés !
La soeur Kratides, c'est toute la froideur faite femme et Holmes aura raison de dire que "Ce n'est pas un crime d'avoir un cœur de pierre et aucune once de compassion".
Holmes l'aura même dans ses bras, quand, à la fin, la pauvre choutte aura un peu peur...
Mon avis final ?
De la tension dramatique à la louche, du mystère, des questions, du stress et des grosses touches d'humour.
Les rapports entre les deux frères Holmes offrent des moments très amusants. Il en est de même entre Watson et Holmes.
De plus, dès le début de l'épisode, on découvre un pan de la vie privée de Sherlock Holmes, ce qui est fort rare,
avec l'existence de son frère aîné.
♫ I'm poor lonesome consulting detective ♪