4.19 R.J Ellory
R. J. Ellory, de son nom complet Roger Jon Ellory, né le 20 juin 1965 à Birmingham, est un écrivain britannique, auteur de romans policiers et de thrillers.
Seul le silence [A Quiet Belief in Angels - 2007] - Sonatine Éditions (2008) + Le livre de Poche Thrillers (2009) Prix10 BibliObs/Le Nouvel Observateur du roman noir 2009 - catégorie roman étranger - Prix des lecteurs du Livre de Poche / le choix des libraires 201011
Vendetta [A Quiet Vendetta, 2005] - Sonatine Éditions (2009) 651 p. + Le livre de Poche Thrillers
(2010)
Les Anonymes [A Simple
Act of Violence] - Sonatine Éditions (2010) 756 p. (ISBN 978-2-35584-030-2) + Le livre de Poche Thrillers (2012)
Les Anges de New York [Saints of New York - 2010] - Sonatine Éditions (2012) 500 p. + Le livre de
Poche Thrillers, 2013
Mauvaise étoile [Bad Signs - 2011] - Sonatine Éditions (2013) 600 p. + Le livre de Poche Thrillers (2014)
Les Neuf Cercles [The Devil and The River] - Sonatine Éditions (2014) 574 p. + Le livre de Poche Thrillers (2015)
Les Assassins [The Anniversary Man - 2009] Sonatine Éditions (2015), 567 p.
Papillon de nuit [Candlemoth - 2003], Paris, Sonatine Éditions (2015) 516 p.
Titre : Papillon de nuit
Auteur : R.J. Ellory
Édition : Sonatine (2015)
Résumé :
Après l’assassinat de John Kennedy, tout a changé aux États-Unis. La société est devenue plus violente, la musique plus forte, les drogues plus puissantes que jamais. L’Amérique a compris qu’il
n’y avait plus un chef, un leader du pouvoir exécutif, mais une puissance invisible. Et si celle-ci pouvait éliminer leur président en plein jour, c’est qu’elle avait tous les pouvoirs.
C’est dans cette Amérique en crise que Daniel Ford a grandi. Et c’est là, en Caroline du Sud, qu’il a été accusé d’avoir tué Nathan Vernet, son meilleur ami.
Nous sommes maintenant en 1982 et Daniel est dans le couloir de la mort. Quelques heures avant son exécution, un prêtre vient recueillir ses dernières confessions. Bien vite, il apparaît que les
choses sont loin d’être aussi simples qu’elles en ont l’air. Et que la politique et l’histoire des sixties ne sont pas qu’une simple toile de fond dans la vie de Daniel, peut-être lui aussi
victime de la folie de son temps.
Petit Plus : Publié en 2003 outre-Manche, Papillon de nuit est le premier roman de R.J. Ellory. Récit d’un
meurtre, d’une passion, d’une folie, il nous offre une histoire aussi agitée que les années soixante.
Critique :
Avec Ellory, mon esprit littéraire a joui une fois de plus. Le récit m'a pris à la gorge, au cœur, dans les tripes, dans mes cou... Ah non, ça j'en ai pas !
Cet auteur a une manière bien à lui de décrire les années sombres des États-Unis, alors qu'il est anglais, et j'en redemande à chaque fois.
Ici, c'est tout un pan des sixties qu'il va mettre en scène. Les années 60 et sa putain de guerre du Vietnam, boucherie à ciel ouvert pour jeunes recrues.
Les années 60, c'est aussi l'époque où les Noirs acquièrent enfin des droits. Oui, mesdames et messieurs, ça ne remonte pas à si loin que ça, l'entrée des Noirs à l'université, dans ce grand pays qui se prend pour le gendarme du monde.
Enfin, le droit d'aller à l'unif... sur papier ! La loi le dit, mais faut encore qu'on les autorise à franchir la porte. Les États du Sud résistent encore et toujours à la déségrégation.
Tout cela va nous être raconté aux travers des souvenirs de Danniel Ford, prisonnier dans le couloir de la mort.
Nous sommes en 1982 et notre Danny Boy, racontant ses souvenirs à un prête, va nous narrer son histoire d'amitié avec Nathan, jeune gamin noir, quand ils avaient tous les deux 6 ans.
La plume d'Ellory m'enchante toujours autant et son premier roman ne fait pas exception. Lui, il peut se permettre de faire des phrases courtes, ça passe toujours.
L'alternance des récits, celui de 1982 mélangé de souvenirs, rend le roman addictif, on ne le lâche plus et on découvre avec effroi ces années sombres des États-Unis.
Des personnages bien campés, bien détaillés, un récit fort, puissant, magnifique, de l'émotion à l'état brut, sans jamais plonger dans le pathos gratuit, Ellory nous sert là un plat de résistance gargantuesque sans avoir besoin de nous servir un pavé.
Non, le pavé, on se le prendra dans la gueule si on est un grand naïf et qu'on ne sait pas encore qu'on ne nous dit pas tout et que les complots sont aussi nombreux dans certains milieux que les punaises de lit dans de la literie d'une auberge pouilleuse du 18ème.
Je savais que l'on pratiquait de la démagogie et de l'intox à tous les étages, mais Ellory en a ajouté quelques uns dont je n'avais pas encore connaissance.
L’Amérique s’est aperçue que ceux qui pouvaient tuer son président en plein jour pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient. Il n’y avait plus un homme seul, le meneur de la nation, mais une fraternité invisible non élue. Et cette même fraternité nous a donné le LSD et la psychiatrie, l’amour libre, la pornographie, la violence à la télé, tout ce qui faisait qu’il était acceptable d’être dingue.
Un roman que j'ai dévoré, ne laissant aucune miette, me pourléchant les babines tout en le finissant sur les genoux, tant l'émotion m'avait saisie à la gorge, au coeur, dans mes tripes et dans mes cou...
Oui, si j'en avais eu, le récit m'aurait saisi là aussi. Un putain de super bon roman.
Challenge "Thrillers et polars" de Sharon (2015-2016) et Le "Challenge US" chez Noctembule et "A year in England" chez Titine.
Titre : Les assassins
Auteur : R.J. Ellory
Édition : Sonatine (2015)
Résumé :
Sur dix-huit mille assassinats par an aux États-Unis, seulement deux cents sont le fait de tueurs en série. Aussi les forces de police ne privilégient-elles que rarement la piste du serial killer.
Lorsque quatre homicides sont commis en quinze jours à New York, selon des modes opératoires complètement différents, personne ne songe à faire un lien entre eux.
Personne, sauf John Costello. Documentaliste au City Herald, et véritable encyclopédie vivante des serial killers, celui-ci découvre en effet que les quatre meurtres ont été commis à la date anniversaire d’un meurtre ancien, œuvre à chaque fois d’un tueur en série célèbre, selon des procédures rigoureusement identiques jusque dans les moindres détails.
Y aurait-il dans la ville un serial killer qui s’inspire de ses prédécesseurs et leur rend ainsi un funèbre hommage?
En compagnie de Karen Langley, une journaliste du City Herald, et de Ray Irving, détective du NYPD, John va se livrer à la traque de cet assassin très particulier, à l’intelligence aussi
fulgurante que morbide et à la virtuosité impressionnante.
Petit Plus : Bouleversant tous les clichés de rigueur, R.J. Ellory transfigure ici totalement le
genre du roman de serial killer, dont on pensait pourtant avoir fait le tour, en lui insufflant un souffle complètement nouveau, comme seuls les très grands écrivains savent le faire.
Revenant sur les plus grandes figures des tueurs qui ont marqué les États-Unis, de Ted Bundy au fameux Zodiac, il poursuit son exploration du mal américain, interrogeant cette fois notre fascination pour les monstres.
Avec le formidable sens de l’intrigue, des personnages, du suspense et le pouvoir d’émotion qu’on lui connaît, il nous donne ainsi le roman définitif sur le sujet.
Critique :
Avec R.J Ellory, c'est une grande histoire d'amour à sens unique : dès qu'un de ces romans sort, je l'achète tandis que lui ne donnerait pas un kopeck pour mes bafouilles.
En voyant le résumé du roman, je m'étais dit "Chouette, une histoire de serial-killer" tout en me demandant ce qu'on pouvait raconter de neuf sur les céréales killer...
Que ceux qui ne l'ont pas acheté parce qu'ils ont soupiré sur le fait que ça parlait encore de serial killer, aillent de suite réparer cette injustice car se serait faire insulte au talent de l'auteur en pensant qu'il ne concerne que ÇA.
Oui, on cause de tueurs en série, mais non, ce n'est pas que ÇA ! Il y a du récit tout autour et de la profondeur dans les personnages qui gravitent autour des reconstitutions des meurtres célèbres.
Ils étaient là parce que des gens avaient été brutalement et sadiquement assassinés. Ils étaient là parce que quelqu’un s’était donné pour mission de débarrasser la planète des êtres qu’il jugeait indignes de la peupler. Folie, inhumanité, absence totale de pitié, de compassion ou de scrupule.
Oui, il y a une histoire dans l'Histoire, des personnages forts, d'autres blessés au plus profond de leur être.
Véritable mini bible du crime, ce roman m'a entrainé dans Big Apple, au milieu d'un poste de police où l'inspecteur principal est bien embêté avec ces crimes commémorant les dates anniversaire de crimes commis par des tueurs en série.
Ici, nous avons la crème du crime ! De l'Ice Crime véritable... Le Commémorateur, tout comme l'auteur, a potassé son sujet, on sent qu'il en connait un bout et qu'il pourrait faire notre bonheur au prochain repas de famille...
Attention, bien que nous donnant des détails sur certains meurtres, l'auteur n'en rajoute pas non plus au point de nous dégouter, non, il le fait avec parcimonie, juste pour nous instruire sans nous abrutir d'infos.
L'enquête va à son aise, il n'est point aisé de retrouver un serial killer dans la Grosse Pomme, surtout un gars aussi fin que celui auquel l'inspecteur Ray Irving est confronté.
Ceux qui gravitaient autour – les représentants du cabinet du maire, les attachés de presse, voire les agences fédérales – voulaient l’assassin, mais pas le travail. Il y avait la police pour ça. Les impôts servaient à payer la police. La police savait toujours exactement quoi faire, et elle le faisait.
Irving n'est pas épaulé non plus : entre la réélection du maire, les vagues qu'il ne faut pas faire, la populace qu'il ne faut point effrayer, la journaliste Karen Langley du City Herald qui
materne John Costello, son enquêteur un peu étrange qui connait tout sur les céréales killer - au point qu'on pourrait le renommer Wiki ou Google - on peut dire que notre inspecteur mériterait
bien une médaille quand bien même si la pêche au gros tueur ne donnerait rien.
— Vous comprendrez bien que je ne suis pas totalement convaincu…
— Convaincu de quoi ? Que quelqu’un puisse connaître les tueurs en série comme d’autres les joueurs de base-ball ou les
équipes de football ? Si je vous avais dit que je connaissais le score de tous les matchs des Giants depuis vingt ans, et les noms des joueurs, et leurs moyennes…
L'écriture est un délice, la tension est bien dosée, l'horreur prête à nous jaillir dessus, le couteau aussi, les pages sont remplies de noms de types avec lesquels vous n'auriez pas envie de manger, le Diable non plus, et je me suis délectée de chaque morceau de mot.
"Si tu cherches le diable, tu trouveras tous les diables du monde dans un seul homme".
— Vous ne pouvez pas rationaliser l'irrationnel. Nous ne sommes pas en train de parler de gens qui suivent les chemins convenus de la réflexion et de l'action, mais d'individus qui ont abandonné depuis longtemps tout ce qui passe pour la normalité.
Bémol ? Oui, le roman est fini et son final aurait peut-être mérité un peu plus parce que j'ai vu venir le brol de loin. Nom de Dieu, inspecteur Irving, où aviez-vous donc la tête ??
Ce petit bémol n'entachera pas mon enthousiasme né de cette lecture.
Un super grand roman. Comme quoi, on peut écrire sur des sujets rabâchés et faire du neuf avec du très très vieux, sans tomber dans l'abîme de la facilité.
Nietzsche disait que quiconque se battait contre des monstres devait prendre garde à ne pas en devenir un lui-même. Il disait que celui qui scrutait trop longtemps l’abîme était aussi scruté par l’abîme.
Challenge "Thrillers et polars"
de Sharon (2015-2016), Le "Challenge US"
chez Noctembule" et A year in England" chez
Titine.
Titre : Les neuf cercles
Auteur : R.J Ellory
Édition : Sonatine (2014)
Résumé :
1974. De retour du Vietnam, John Gaines a accepté le poste de shérif de Whytesburg, Mississippi. Une petite ville tranquille jusqu’au jour où l’on découvre, enterré sur les berges de la rivière, le cadavre d’une adolescente.
La surprise est de taille : celle-ci n’est autre que Nancy Denton, une jeune fille mystérieusement disparue vingt ans plus tôt, dont le corps a été préservé par la boue.
L’autopsie révèle que son cœur a disparu, remplacé par un panier contenant la dépouille d’un serpent. Traumatisé par le Vietnam, cette guerre atroce dont « seuls les morts ont vu la fin », John doit à nouveau faire face à l’horreur.
Il va ainsi repartir au combat, un combat singulier, cette fois, tant il est vrai qu’un seul corps peut être plus perturbant encore que des centaines. Un combat mené pour une adolescente assassinée et une mère de famille déchirée, un combat contre les secrets et les vérités cachées de sa petite ville tranquille.
Si mener une enquête vingt ans après le crime semble une entreprise périlleuse, cela n’est rien à côté de ce qui attend John : une nouvelle traversée des neuf cercles de l’enfer.
Critique :
Ellory a beau être anglais, il nous décrit l'Amérique comme un vrai yankee, à la différence qu'il a du recul pour analyser plus en profondeur sa face cachée, sa face sombre, celle qui est à mille lieues du clinquant ou des airs vertueux de ce pays qui veut jouer le gendarme du monde alors qu'il est un grand voleur...
Le Vietnam... Une sacrée boucherie, un putain de merdier et monstrueuse erreur monumentale selon John Gaines, ancien combattant devenu le shérif de la petite ville tranquille qu'est Whytesburg,
Mississippi. Un crime tous les ans et le coupable qui attend les flics tranquillement, des contraventions... Voilà son quotidien. Cool.
Une petite ville tranquille jusqu’au jour où l’on découvre, enterré sur les berges de la rivière, le cadavre d’une adolescente qui avait disparu 20 ans plus tôt.
Notre pauvre shérif va faire face à la plus terrible affaire de sa carrière, les morts tombant comme des mouches sous l'action combinée d'un "pchitt" de Baygon Vert et Bleu. C'est vous dire si le croque-mort va avoir du boulot.
Les années 70, dans les romans, j'adore parce que c'est une période sans nouvelles technologies, sans toutes les facilités que nous avons maintenant et cela rend les enquêtes plus "vraies".
Si en plus on me parle des années 70 en Amérique, là, je kiffe à mort !
L'auteur a su trouver les mots justes pour nous parler de l'ambiance assez plombée de cette époque "post guerre du Vietnam", où les anciens combattants souffraient de ce mal non encore étiqueté qu'est le stress post-traumatique.
Cette époque où des mots tels que "respect", "tolérance" ou "égalité des hommes" étaient considérés comme des gros mots et où les membres du sinistre Klan, bien que ne se promenant plus avec des
taies d'oreillers sur leurs tronches, étendait encore leurs ombres sur le territoire.
J'apprécie que l'on décortique ces années où la déségrégation, qui aurait dû commencer, n'avait pas eu lieu parce que les hommes Blancs étaient trop cons que pour se rendre compte que nous sommes tous les mêmes ou alors, ne voulaient pas voir la vérité car elle leur faisait peur.
Ellory nous plonge en plein dans ces années que ce grand pays, sois-disant "démocratique", aimerait oublier.
À travers les souvenirs du Vietnam de Gaines, nous allons mener l'enquête avec lui, à son rythme, entrant dans les maisons et les vies de certains des habitants, traquant les indices quasi inexistants, remontant le fil des événements 20 ans plus tôt.
Bien qu'écrit à la troisième personne, on a l'impression que le narrateur, c'est Gaines, comme si c'était lui qui nous racontait l'histoire.
Les personnages sont forts, le shérif Gaines est un homme que l'on a envie d'aimer (en tant qu'ami), un homme qui m'a ému au travers d'un événement de son existence, un policier qui ne laisse pas tomber son affaire, même s'il n'est pas infaillible et commet des erreurs.
Un homme qui n'a pas peur de s'attaquer à un plus fort que lui.
La plume de Ellory fait mouche et dresse un portrait au vitriol de cette Amérique un peu profonde, où les grandes familles font la loi, où les hautes sphères sont corrompues et où il était si facile d'envoyer les gens en taule.
Amis du trépidant, perdez pas votre temps dans ce roman, ici, tout n'est que lenteur calculée, profondeur délibérée, psychologie planifiée, indices proportionnés, récits de guerre calibrés et entremêlés dans une enquête bien ficelée.
Deux Ellory en peu de temps, deux orgasmes littéraires. Ce mec est fort !
Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2014-2015)et Le "Challenge US" (2014-2015) chez Noctembule.
Titre : Mauvaise Étoile
Auteur : R.J. Ellory
Édition : Sonatine (2013)
Résumé :
Texas, 1960. Elliott et Clarence sont deux demi-frères nés sous une mauvaise étoile. Après l’assassinat de leur mère, ils ont passé le plus clair de leur adolescence dans des maisons de correction et autres établissements pénitentiaires pour mineurs.
Le jour où Earl Sheridan, un psychopathe de la pire espèce, les prend en otages pour échapper à la prison et à la condamnation à mort, ils se retrouvent embarqués dans un périple douloureux et meurtrier.
Alors que Sheridan, accompagné des deux adolescents, sème la terreur dans les petites villes américaines bien tranquilles qui jalonnent leur route, une sanglante et terrible partie se met en place entre les trois protagonistes.
Loin de se douter de la complexité de celle-ci, la police, lancée à leurs trousses, et en particulier l’inspecteur Cassidy ne sont pas au bout de leurs surprises.
Petit plus : Avec ce récit au suspense implacable et à la noirceur absolue, R. J. Ellory se consacre de la
façon la plus flamboyante qui soit à son sujet de prédilection : le mal.
Tout comme Shane Stevens dans "Au-delà du mal", il aborde les thèmes de l’innocence corrompue et de l’origine des déviances.
On y retrouve ici intact tout l’art d’Ellory, qui a fait la force de "Seul le silence" : une écriture à la fois poétique et très réaliste; des personnages d’une humanité complexe et déchirante aux prises avec leur face sombre ; une intrigue qui tient le lecteur captif jusqu’à la dernière page.
Un thriller intense, poignant et inoubliable.
Critique :
Le titre "Mauvaise étoile" colle bien à ce roman car pas moyen de le trouver dans mes bouquineries préférées !
Durant plus d'un an, je l'ai cherché, pensant que ma bonne étoile m'avait lâchée sur ce coup là. Pour finir, c'est ma liseuse qui m'a sorti du pétrin et j'ai enfin pu lire ce roman qui me faisait
de l’œil depuis sa sortie en 2013.
Doublement heureuse je suis. Pour plusieurs raisons, la première étant que le roman m'a emporté dans un voyage à la fois dantesque et féérique. Je m'explique...
Dantesque de par la nature de la "bloody road" que mènera un des protagonistes, semant tellement de cadavres sur sa route qu'à côté de lui, Jack The Ripper fait petit joueur. Un peu comme dans "Au delà du mal" de Shane Stevens, mais différent. Mieux !
Féérique de par l'autre voyage, celui d'un jeune garçon de 17 ans et d'une gamine de 15 ans, eux aussi nés sous une mauvaise étoile, ayant tout perdu, mais animé d'une volonté farouche d'y arriver et de s'en sortir.
L'alternance des deux récits ajoute du plaisir à la lecture, mêlant adroitement les moments "calmes" avec les plus violents, où les coïncidences sont si nombreuses qu'on se dit que dans la vraie vie, il faudrait l'ingérence du Divin... ou du Malin (il est dit que "Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito", le diable pourrait le faire aussi).
À un moment donné du récit, j'ai eu un peu peur, pensant que l'auteur venait de se tirer une balle dans le pied en faisant "dévier" le scénario après l'attaque de la banque.
Pensant que tout était plié, j'ai fait la moue, mais c'était sans compter le talent de conteur d'Ellory (faudra que je songe à lui faire une grosse bise, tiens) qui ricoche comme une balle de fusil et continue sa course dans une tout autre direction totalement imprévue, semant la mort et la désolation, mais faisant battre mon cœur à tout rompre.
Il m'a surprise et j'aime ça. Pour le final aussi, j'ai eu ma dose de surprise, ayant pensé à 10.000 scénarios possibles mais pas à celui-là. Oui, faudra vraiment que je l'embrasse, lui !
De plus, l'auteur est un sadique, annonçant dans son récit les faits qui vont se dérouler dans le chapitre, genre "ils n'auraient jamais dû croiser sa route", qui ne laisse aucun doute sur l'issue mortelle pour certains personnages. C'est vache, mais j'adore.
Puisqu'on parle d'eux, la palette des personnages est bien esquissée, le Méchant étant réussi et diaboliquement sadique... D'ailleurs, je verrai bien le personnage de T-Bag de "Prison Break" dans le rôle de Earl Sheridan (l'acteur Robert Knepper).
Quand aux autres, leur évolution varie, mais pas toujours dans le bon sens. L'un d'eux étant même d'une mauvaise foi crasse.
Autre avantage du livre, c'est que le récit se passe en 1964... et moi, j'adore les romans qui se déroulent dans un monde sans smartphone, sans GSM, sans le Net et avec des méthodes d'investigations qui feraient tomber Horatio Caine dans les pommes.
Ah, si une femme n'avait pas écarté les cuisses devant n'importe qui... si les pères étaient restés... si un homme n'avait pas planté un couteau dans sa femme... si on avait fait un peu plus de
cas des orphelins... si les flics ne s'étaient pas arrêtés pour passer la nuit dans un établissement pénitentiaire pour mineurs... et bien, avec tout ces "si", nous n'aurions pas eu droit à ce
superbe récit.
Un roman au suspense implacable qui m'a donné des palpitations cardiaques, un roman à la noirceur absolue digne d'un trou noir, l'auteur nous livrant un magnifique récit sur le Mal dans toute son
horreur.
Il est dit que les étoiles les plus brillantes attirent les ombres les plus sombres... Mais les étoiles les plus sombres dévorent le peu d'humanité qui reste dans les étoiles aux lumières
chancelantes.
Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2014-2015), Challenge "Polar Historique" de Samlor (repris par Sharon) et "Ma Pedigree PAL - La PAL d'excellence" chez The Cannibal Lecteur.
Titre : Les anonymes
Auteur : R.J. Ellory
Edition : Sonatine (2010) / Livre de Poche (2012)
Résumé :
Washington. Quatre meurtres. Quatre modes opératoires identiques. Tout laisse à penser qu’un serial killer est à l’œuvre. Enquête presque classique pour l’inspecteur Miller.
Jusqu’au moment où il découvre qu’une des victimes vivait sous une fausse identité, fabriquée de toutes pièces.
Qui était-elle réellement ? Ce qui semblait être une banale enquête de police prend alors une ampleur toute différente, et va conduire Miller jusqu’aux secrets les mieux gardés du gouvernement
américain.
Petit plus : Une fois encore, R. J. Ellory pousse à nouveau le thriller dans ses retranchements et lui donne une nouvelle dimension, loin de
tous les stéréotypes du genre.
Entre Robert Littell et James Ellroy, sur un arrière-plan historique qu’il serait criminel de divulguer ici, il mène une intrigue magistrale, jusqu’au cœur du système politique américain.
Alliant un sens de la polémique à une tension digne des polars les plus captivants, l’auteur, servi par une écriture remarquable, invente le thriller du siècle nouveau.
Critique :
Je viens de remonter péniblement à la surface après ma plongée dans plus de 700 pages d'eaux troubles et profondes.
Pantelante, j'en suis encore à me demander pourquoi je n'ai pas eu connaissance de ce magnifique thriller avant mon inscription à Babelio.
"Bienvenue au pays du mensonge"... Voilà comment je titrerais ma critique si j'en avais la possibilité.
J'ai toujours considéré l'Amérique avec des yeux rêveurs pour ses grandes étendues sauvages que j'imaginais sillonner sur un cheval fougueux...
Mais de l'autre côté, je sais que bien des "crasses" nous viennent de chez eux, et je ne parle même pas de la nourriture, mais de produits bancaires puants.
Bref, l'Amérique, ce n'est ni tout blanc, ni tout noir, mais plutôt gris (comme Michael Jackson).
Allez, je vous parle du livre que je viens de plus que dévorer (200 pages durant une journée de travail, on va encore dire que je ne fou rien, mais les chats partis, les souris dansent).
Nous sommes dans la ville de Washington DC et l'inspecteur Robert Miller (qui reprend après une suspension de quelques mois pour une bavure dont il a été innocenté) est appelé sur les lieux d'un crime atroce : Catherine Shéridan a été battue, mutilée, assassinée.
Particularités de ce meurtre ? Elle porte une étiquette à bagage sans nom autour du cou et une étrange odeur de lavande flotte autour du cadavre.
Il s'agit de la quatrième femme retrouvée ainsi, tout laisse croire qu'il s'agit d'un serial killer. Mais ce meurtre semble différent : l'assassin a laissé des indices. Fanfaronnades ? Plagiaire bien informé ?
Pour l'inspecteur Miller, l'enquête commence et elle ne va pas être de tout repos...
Pour le lecteur non plus. A croire que les flics m'avaient alpagué par la peau du dos et entraîné de force dans le roman. Première lecture de Ellory et je sens que je vais me faire ses autres romans.
Qu'est-ce que j'ai aimé ? L'écriture, riche, recherchée et en même temps tellement abordable. Sans oublier un sens du détail poussé qui nous fait voir, sentir, entendre... J'étais dans le bouquin !
Miller, cet inspecteur limite torturé, qui cherche, s'émeut encore devant la mort, se perd en conjoncture, dans les fausses pistes ou les vraies, et qui, quand il trouve la solution, c'est pour mieux y perdre sa tranquillité d'esprit... Dingue, tout simplement.
Un inspecteur qui à tout sous les yeux mais ne voit rien (je ne la ramène pas parce que TOUT était sous les miens aussi et je ne vis rien).
Non, ne vous attendez pas à un rythme trépidant ou à des courses-poursuites. Miller n'est pas le professeur Langdon (Da Vinci Code) qui court à chaque nouveau paragraphe et échappe à un piège à chaque alinéa.
La vitesse de croisière est plus lente, nous permettant de mieux nous imprégner de cette atmosphère particulière. Vitesse de croisière, oui, mais pas besoin d'enfiler vos gilets de sauvetage, nous ne naviguons pas dans les récifs, ni en rasant les côtes et le livre ne se terminera pas par un naufrage.
Savez-vous ce qu'il m'est venu à l'esprit lors de ma lecture alors que m'imprégnais des atmosphères, du rythme plus lent, des personnages taillé à la serpe, de l'inspecteur Miller torturé, seul, sans personne, ne tirant son coup qu'une fois par siècle, et cherchant à résoudre son énigme avec la ténacité d'un bouledogue ? Non ?
Et bien, j'ai pensé à Indridason, l'auteur Islandais et "père" du commissaire Erlendur. Même manière d'aller à son aise, de nous distiller le cheminement de l'intrigue tel un alambic séparant l'alcool et de l'eau pour nous restituer le produit de la distillation : le nectar ! J'ai vraiment eu cette impression.
Vers le milieu, les intrigues géopolitiques prendront le pas sur la vie des personnage mais cela ne m'a pas empêché de vibrer avec, découvrant la suite en même temps que l'inspecteur.
J'ai également beaucoup apprécié les coupures explicatives, celles en italique, clôturant presque chaque chapitre. Au départ, on ne sait pas "Qui" nous raconte sa vie et cela augmente le
suspense.
Je ne vous parlerai que très peu des révélations sombres et révoltantes sur les coulisses d'une CIA. Condamnable ? Oui, elle l'est, et ce, par un homme que l'on apprendra à connaître tout au long du roman, et qui, petit à petit, nous dévoilera son visage d'homme de main, humain, très humain mais non moins coupable... Je l'ai apprécié, ce personnage.
Le final est époustouflant et on en sort groggy.
Un excellent moment de lecture !
Titre : Vendetta
Auteur : R.J. Ellory
Edition : Livre de Poche (2010)
Résumé :
2006, La Nouvelle-Orléans. Catherine, la fille du gouverneur de Louisiane est enlevée, son garde du corps assassiné.
Confiée au FBI, l’enquête prend vite un tour imprévu : le kidnappeur, Ernesto Perez, se livre aux autorités et demande à s’entretenir avec Ray Hartmann, un obscur fonctionnaire qui travaille à Washington dans une unité de lutte contre le crime organisé.
À cette condition seulement il permettra aux enquêteurs de retrouver la jeune fille saine et sauve.
À sa grande surprise, Hartmann est donc appelé sur les lieux. C’est le début d’une longue confrontation entre les deux hommes, au cours de laquelle Perez va peu à peu retracer son itinéraire, l’incroyable récit d’une vie de tueur à gages au service de la mafia, un demi-siècle de la face cachée de l’Amérique, de Las Vegas à Chicago, depuis Castro et Kennedy jusqu’à nos jours.
Quel est le véritable enjeu de cette confrontation ? Pourquoi Perez a-t-il souhaité qu’Hartmann soit son interlocuteur ? Alors que s’engage une course contre la montre pour retrouver Catherine et
que, dans l’ombre, la mafia et les autorités s’inquiètent du dialogue qui s’établit entre les deux hommes, Hartmann ira de surprise en surprise jusqu’à l’étonnant coup de théâtre final.
Avec ce roman d’une envergure impressionnante, R. J. Ellory retrace cinquante ans d’histoire clandestine des États-Unis à travers une intrigue qui ne laisse pas une seconde de répit au lecteur.
Maître de la manipulation, il mêle avec une virtuosité étonnante les faits réels et la fiction, le cinémascope et le tableau intime, tissant ainsi une toile diabolique d’une rare intensité.
Critique :
J'ai hésité quand au nombre d'étoiles à lui attribuer... Mais vu que les étoiles doivent être entières et pas à moitié, j'ai conclu par un 3 étoiles "parce la fin le vaut bien".
Mitigée... Voilà ce que je pourrais dire de moi après cette lecture. Pas déçue, pas enchantée, pas désenchantée,... Tout en sachant que cela valait le coup de le lire et que le final m'a troué le c**.
"M'sieur l'agent, j'vous jure que j'm'attendais pas à ça en commençant ma lecture".
Et je m'en vais éclairer votre lanterne, si vous me permettez :
Au départ, le récit commence sur un crime pas banal, un peu trash, même, et des flics qui ne savent pas trop où ce meurtre va les mener.
Le corps a été découvert dans le coffre d'une Ford Mercury Turnpike Cruiser (construite en 1956, moteur V8, 290 bourrins, excusez du peu !).
N'escomptez vous promener dans cette voiture, le macchabée - dont le coeur fut arraché - laissait couler ses fluides corporels depuis quelques jours...
Un bon départ pour un bon thriller, quoi.
Ensuite, ils apprennent que le mort était le garde du corps de la fille du gouverneur et que cette dernière s'est donc faite enlever. Non, pas de demande de rançon pour le moment. Oups...
Un homme, qui se dit le ravisseur, prend contact avec eux - après les avoir laissé mariner dans leur jus - et il demande que Ray Hartmann soit présent à la Nouvelle-Orléans le lendemain et qu'ils ont intérêt à se magner le cul.
Bref, tout baigne, c'est du pur polar. Jusque là...
Après une biographie détaillée de cet obscur fonctionnaire appartenant à la sous-commission sur le crime organisé, alcoolique de surcroit et séparé de sa femme, le récit va ralentir avec l'apparition du fameux Ernesto Pérez, le ravisseur, paisible vieux monsieur, ou presque.
C'est à cet endroit précis que le roman prend une toute autre ampleur.
Monsieur Pérez va leur causer de sa vie et ils ont intérêt à l'écouter sinon il gardera le lieu de détention de la fille secret.
À travers sa confession ahurissante, le vieil homme nous parler de sa vie, de son enfance, de son premier meurtre et de tous les autres qui ont suivi, retraçant ainsi l'intégralité de son C.V en tant que "tueur" pour l'entreprise nommée "Mafia" et ses quelques "essais" concluants avant.
Ben oui, faut bien se faire la main, non ? Nous avons tous commencé au bas de l'échelle, non ? Pérez aussi.
Dans son récit, c'est tout l'Histoire (avec un grand H) de la Mafia qui est passée au crible. En la petite entreprise ne connaissait pas la crise.
Instructif ? Oui, mais... profusion de détail nuit à l'histoire. Encore un peu et nous avions droit à la marque de son slip et à la couleur de ses chaussettes.
Pourtant, ce genre de récit sur les organisations criminelles, j'adore ça. Mais là, j'ai eu un peu de mal à un certain moment.
Cela ne tient pas aux personnages, non, ils sont innocents. Hartmann est bien étoffé, c'est un personnage bien travaillé. Quant à Pérez, on devrait le haïr et bizarrement, on ouvre la bouche pour l'écouter nous raconter les belles histoires mafieuses de l'oncle Ernesto.
Ce récit ultra noir et plus que négatif de l'Amérique de la seconde moitié du XXe siècle, fourmillant de références historiques sur la pieuvre, cela aurait dû me captiver sans que je ne lâche le livre.
Hélas, c'est vers la page 328 que j'ai cédé à la désolation et que j'ai passé des pages, ne reprenant le cours du récit vers la 550. A partir de là, je ne l'ai plus lâché et je dois que le final était magnifique !
Plus que inatendu, il était à la hauteur et j'en suis restée comme deux ronds de flan. Mon seul regret sera d'avoir décroché dans ma lecture. Plat trop consistant.
Dommage, il y avait moyen d'enrichir sa culture mafieuse.
Je retiendrai une phrase : "Quando fai i piani per la vendetta, scava due tombe : una per la tua vittima e una per te stesso".
Si tu cherches la vengeance, creuse deux tombes… une pour ta victime et une pour toi.
Livre lu dans le cadre du challenge "Thrillers et polars" organisé par Liliba.
Titre : Seul le silence
Auteur : R.J. Ellory
Edition : Livre de Poche (2009)
Résumé :
Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée.
La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante.
Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près.
Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable, dont l’identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages.
Petit plus : Plus encore qu’un roman de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, "Seul le silence" marque une date dans
l’histoire du thriller.
Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory évoque autant William Styron que Norman Mailer par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.
Critique :