4.27 Robin Cook (auteur anglais)
1. Biographie :
Robert, William, Arthur Cook dit Robin Cook est un écrivain britannique né le 12 juin 1931 à Londres et décédé dans la même ville le 30 juillet 1994.
Fils de bonne famille (un magnat du textile), Cook passe sa petite enfance à Londres, puis dans le Kent pendant la guerre.
Après un "bref" passage au Collège d'Eton, il fait son service militaire, puis travaille quelque temps dans l'entreprise familiale, comme vendeur de lingerie.
Il passe les années 1950 successivement :
- à Paris au Beat hotel (où il côtoie William Burroughs et Allen Ginsberg) et danse dans les boites de la Rive gauche,
- à New York, où il se marie et monte un trafic de tableaux vers Amsterdam,
- en Espagne, où il séjourne en prison pour ses propos sur le général Francisco Franco dans un bar.
À cause de l'écrivain de polars médicaux Robin Cook, il a dû adopter le pseudonyme de Derek Raymond pour le marché anglo-saxon. En France, il continua d'être édité sous son vrai nom, ce qui causa quelque confusion avec son homonyme.
Après avoir bourlingué de par le monde et avoir exercé toute sorte de petits boulots, il est décédé à son domicile à Kensal Green, dans le nord-ouest de Londres, le 30 juillet 1994.
2. Œuvres :
1962 |
Crème anglaise |
The Crust On Its Uppers | Gallimard,1966 |
1963 |
Bombe surprise |
Bombe Surprise | Ed.Joelle Losfeld, 1993 |
1966 |
Un écart de conduite |
The Legacy of the Stiff Upper Lip | Ed.Rivages, 2012 |
1967 |
Vices privés, vertus publiques |
Public Parts And Private Places | Ed.Rivages,1993 |
1970 |
Quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre |
A State Of Denmark | Ed.Rivages, 2003 |
1971 |
La Rue obscène |
The Tenants Of Dirt Street | Rivages, 1992 |
1982 | Le Soleil qui s'éteint | Sick Transit (jamais publié) | Folio, 2000 |
1983 |
On ne meurt que deux fois (Prix Mystère de la Critique 1984) Réédité sous le titre "Il est mort les yeux ouverts" |
He Died With His Eyes Open | Série Noire / Folio n°95 |
1984 |
Les mois d'avril sont meurtriers |
The Devil's Home On Leave | Folio n°130 |
1986 |
Comment vivent les morts |
How The Dead Live | Folio n°292 |
1988 |
Cauchemar dans la rue |
Nightmare In The Street | Rivages, 1988 |
1990 |
J’étais Dora Suarez |
I Was Dora Suarez | Rivages, 1990 |
1993 |
Le Mort à vif |
Dead Man Upright | Rivages, 1996 |
1994 |
Quand se lève le brouillard rouge |
Not Till the Red Fog Rises | Rivages,1994 |
Titre : Les mois d'avril sont meurtriers (Service A14)
Auteur : Robin Cook
Édition : Gallimard (1995)
Résumé :
Histoire d’un flic qui, par désespoir et nostalgie du "bon vieux temps", s’est réfugié dans une quête éperdue, impitoyable de la Justice.
Portrait, aussi, d’un tueur psychopathe, pervers, implacable et plein d’une étrange bonne conscience.
Avec une galerie de pauvres types, d’indics, de malfrats miteux et de traîtres distingués.
L'auteur : Robert, William, Arthur Cook dit Robin Cook est un écrivain britannique.
À ne pas confondre avec son homonyme Robin Cook, écrivain américain, chirurgien et auteur de thrillers du monde médical !
Fils de bonne famille (un magnat du textile), Cook passe sa petite enfance à Londres, puis dans le Kent pendant la guerre.
Critique :
Recette de cuisine conCOOKtée par l'auteur : vous prenez un homme, vous le tuez au moyen d'un pistolet d'abattage et vous le débitez en morceaux, sciant les os et toutes les attaches.
Ensuite, faites chauffer de l'eau et trempez les morceaux afin de faire bouillir toutes les chairs afin de les rendre méconnaissables. Vous devez obtenir une masse gélatineuse et grisâtre avec la peau qui se détachera toute seule du corps. Une fois ce résultat obtenu, mettez le tout dans quatre grands sacs plastiques, agrafez et c'est prêt ! Dégustez !
"La boucherie. Tu le découpes… Un bon couteau et un aiguisoir, un marteau également pour briser les os, comme ça tout rentrera dans les casseroles. Tu aiguises le couteau et tu tranches la colonne vertébrale en deux ou trois endroits, aux vertèbres. Tu coupes la tête, les pieds et les mains. Surtout la tête et les mains. Tu fais sauter les dents également ; voilà le marteau. Tu transperce la mâchoire au couteau et tu les fais sauter.[…] Du feu pour le faire cuire ? Facile ! Pourquoi pas un bon vieux réchaud à gaz de camping. Un petit réchaud plat, un truc qu’on peut fourrer facilement dans la voiture et deux ou trois bonbonnes de gaz – quoi de plus innocent ? Un pique-nique. Un pique-nique à minuit !"
Devant cette scène de crime pour le moins originale, notre policier, un sergent désabusé par les blessures personnelles, se met dans la peau du tueur et analyse la scène de crime avec rigueur. Bingo, il a déjà un nom de suspect !
Quand les asssassins veulent jouer au plus malin, ils font des fautes et on les repère de suite.
"Ce meurtre, c’est du travail d’artiste. À ce niveau, c’est de la tuerie de spécialiste. Il n’empêche, quelle sorte de passé ? Dans quel métier un tueur peut-il avoir appris à faire cuire un bonhomme de manière qu’on ne puisse plus l’identifier ?"
Notre sergent n'est pas un crétin, il a la pugnacité d'un bouledogue refusant de lâcher le mollet de sa proie. Solitaire, aussi, et non armé. De plus, il a du caractère, notre sergent, n'hésitant pas à répondre aux supérieurs (à Bowman, notament) et refusant tout avancement...
— Ce que je n’aime pas, moi, dit Bowman, en virant au rouge, ce sont les petits gradés qui s’imaginent en avoir dans le citron.
— Les hauts gradés qui n’ont rien dedans, c’est encore pire.
— De qui s’agit-il ?
— Personne n’en sait rien. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il a été assassiné.
— Ça, c’est de la déduction !
— Ne m’asticote pas, dit Bowman, après que le déclic se fut produit. Pas
aujourd’hui. Ni un autre jour.
La vie l'a brisé et son seul remède, c'est le travail. Il fait partie du service A14, celui des "décès non éclaircis" au commissariat de Poland Street, dit l'Usine (the factory). Son boulot ? S'occuper des décès jugés "sans importance" pour la presse et le grand public.
Pour lui, c'est là qu'il fait le meilleur boulot : au service des petites gens.
Le talent de l'auteur est de nous conter l'affaire en utilisant le récit à la première personne du singulier (le sergent est le narrateur) et en mélangeant un peu tout : les souvenirs divers du sergent, son enquête qui commence le 14 avril 1983 et les avances dans le temps puisque dès le premier §, nous le voyons sonner chez le coupable, avec, un prime, le récit de la soirée qui précéda le meurtre.
Le tout reste cohérent et on avance par petits morceaux dans cette enquête qui, sous couvert d'un meurtre barbare, cache un Iceberg capable de faire couler beaucoup de personnes !
Si le rythme est lent, ce n'est pas un problème car on ne lit pas ce livre pour du trépidant, mais pour les rencontres entre le sergent et des truands, mais aussi avec le coupable, un psychopathe qui fait froid dans le dos.
Un roman noir, sombre, avec de l'humour grinçant, des personnages forts, haut en couleur et des politiciens aussi retors que les truands. Les dialogues ou les pensées du sergent sont croustillantes !
"Ma quéquette était toute petite, toute recroquevillée contre mes testicules, et j'avais les membres comme des lambeaux de vieux papiers".
Après une telle lecture, je n'ai qu'une envie : continuer le voyage littéraire en compagnie du 4ème tome de la série "Factory" pour retrouver mon sergent fêlé dans "J'étais Dora Suarez".
"Ce nouveau type qu'ils ont à leur ambassade ici depuis qu'Andropov est arrivé au pouvoir, Gureyvich. Il est malin, le salaud".
— Pat Hawes ne parlait pas, répondit-ele, il grognait. Tout ce qu'il voulait, c'était baiser à la hussarde. C'est toujours ce qu'ils veulent, les hommes que j'ai. Les femmes, pour eux, elles ont rien dans le citron".
— Les matons ne sont pas millionnaires. Ils tentent le coup quand ça rapporte et que leur salaire est insuffisant, et ça égaye les longs dimanche, pas vrai ? Hawes est directement sorti par la grande porte, n'est-ce pas ?
— Ce n'est presque plus la peine de les coller en cabane, surtout ceux qui sont bourrés de fric. Il y avait une voiture qui l'attendait juste dehors.
— Ma foi, c'est à pleurer. Ce qu'on appelle un quartier de haute sécurité de nos jours, c'est aussi étanche qu'une boite à sardines.
— Si vous devez régler ça, dit Georges, vous feriez bien de vous remuer, ça s'agite en haut lieu cette fois-ci... Les grands chefs sont comme des poulets à quoi on aurait coupé la tête.
Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), le Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, le Challenge "La littérature fait son cinéma - 4ème année" chez Lukea et le "Mois anglais III" chez Titine et Lou.
Titre : J'étais Dora Suarez (Service A14)
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (1991)
Résumé :
Qui était Dora Suarez ? Pourquoi a-t-on massacré à la hache cette jeune prostituée londonienne ? Mais surtout, pourquoi l'inspecteur chargé de l'enquête, torturé par ses démons, promet-il à la défunte réparation et expiation ?
Décidé à terrasser le Mal, le policier narrateur deviendra Dora Suarez; en revivant ses souffrances, il entrera en osmose avec la victime. Toutes ces interrogations le mèneront devant l'un des tueurs les plus fous de la littérature policière, jusqu'à l'affrontement final qui échappe au genre pour entrer dans la métaphysique.
Septième ouvrage de l'Anglais Robin Cook, écrit dans un style sec et brutal, "J'étais Dora Suarez" marque un tournant dans l'histoire du roman noir et l'émergence de ce que l'auteur lui-même appelle le "roman de deuil".
Critique :
Un tueur... dans un appart... Vous suivrez, comme si vous y étiez, tous les faits et gestes de cet homme qui, muni d'une hache, voulu décapiter la jeune Dora Suarez, 30 ans.
À cause de l'arrivée inopinée de Betty, 86 ans, il a dû saloper son travail en expédiant la vieille dame dans une pauvre horloge âgée qui ne demandait rien et qui ne nous donnera plus jamais l'heure, vu son état. Betty ne nous donnera plus l'heure non plus, vu comment elle a terminé son chemin de vie, encastrée dans le bois de cette horloge.
Notre joyeux tueur, après profanation "masturabatoire" sur le cadavre de Betty, s'en fut, mécontent : pas su couper la tête de sa victime pour l'emporter en souvenir !
"Il arriva quand même à se masturber sur elle. La douleur qui ravageait sa verge, l'était dans lequel était son membre, ne lui facilitait pas les choses. [...] Il avait eu un mal de chien, et il avait dû se plier en deux au-dessus d'elle, se branlant à toute vitesse, mais la douce délivrance était venue, et il n'y avait qu'à voir comment il l'avait littéralement aspergée : bon Dieu, quelle puissance il possédait encore !"
Alors, pour finir la nuit en beauté, il alla répandre la cervelle d'un proprio de boite de nuit sur les murs, refaisant toute la déco pour pas un balle ! Hormis une balle Dum-dum...
— Tout le haut du crâne éclaté, expliqua Stevenson. Il n'y a plus que la mâchoire inférieure, le reste décore le papier peint, sans supplément de
prix.
Ce roman est décrit comme "un roman en deuil" et je ne donnerai pas tort à cette appellation d'origine contrôlée car, si le roman "Les mois d'avril sont meurtriers" était déjà une plongée dans l'abîme qu'est la vie du sergent enquêteur, avec cet opus-ci, on descend encore plus profondément dans les abysses !
Quelle densité dans le récit et quelle écriture ! Littéralement une envolée lyrique qui vous emporte dans le roman et vous fait quitter le monde réel. Le tout, servi avec des dialogues rempli d'humour noir.
— Vous m'avez l'air aussi sinistre que le troisième larbin du diable, la nuit où l'enfer a été inventé.
— Pour parler vulgairement, si son côlon était un mouchoir en papier, ça ne vaudrait même pas la peine d'éternuer dedans.
— Le premier, ajoutai-je, Felix Roatta, n'ai rien trouvé de mieux que d'asperger un mur avec sa cervelle, inventant ainsi une nouvelle sorte de papier peint.
Quant à l'autre, Guiseppe Robacci, il est dans nos murs, à l'Usine, où il prend un peu de repos dans la cellule numéro trois.
— Vous êtes un type épouvantable, dit Jollo. Ce n’est vraiment pas la délicatesse qui vous étouffe.
[…]
— C’est parce que je fréquente les morts, Jollo, expliquai-je. Vous devriez faire comme moi, un de ces jours,
au lieu de vous déguiser en commissaire et de lécher les culs et des timbres-poste.
Je viens d'en ressortir "bouleversifiée" (néologisme offert pour cette 800ème critique sur Babelio).
Durant ma lecture, j'étais aux côtés du sergent fraichement réintégré à l'A14, me positionnant, tout comme lui, soit dans la peau du Tueur, soit dans la peau de Dora Suarez lorsqu'il lisait son journal intime, la découvrant chanteuse en boîte de nuit et prostituée occasionnelle. On s'y attache, à cette Dora qui était plus qu'une exploratrice.
C'est pour Dora que notre sergent de l'A14 va aller si loin dans sa descente aux enfers, c'est parce que son désir de mettre le grappin sur l'assassin est devenu une véritable obsession pour lui.
D'ailleurs, il entrainera le lecteur avec lui dans son enquête et nous irons, en sa compagnie, dans les tréfonds de l'horreur humaine où tout est bon pour faire du fric. L'être humain est une bête immonde dans ce roman, et encore, je fais insulte aux animaux, là !
Si James Ellroy, dans "Un tueur sur la route", avait dépeint un tueur froid et implacable, Robin Cook vient de le surclasser avec celui de son roman en ajoutant un palier dans la monstruosité et la folie furieuse.
On dépasse l'entendement, même. En plus, il a un soucis avec son membre viril... ce qui donnera une tournure encore plus dingue à ce tueur !
"L'une des forme que prenait son dérèglement (si seulement cela avait pu ne pas aller plus loin !), c'était la haine absolue, bien qu’inconsciente, qu'il portait à la seule partie de lui-même sur laquelle, bien qu'elle fut relié au reste de son corps, il n'avait aucun pouvoir : son phallus. C'est pour cette raison qu'il avait commencé à le punir alors qu'il était encore très jeune."
"Son membre lui avait fait faux bon, comme un pneu crevé, la première fois qu’il l’avait mis à l’épreuve à l’âge de quinze ans, à cet instant redoutable, dans la vie d’un jeune homme, où, par son refus obstiné et catégorique de se dresser, une partie de son corps lui avait démontré qu’il n’était pas l’être supérieur que le reste de lui-même croyait être".
"Avec curiosité, il caressa sa queue, qui lui faisait encore mal après la dernière séance; mais depuis quelques temps, pendant son entrainement, il la meurtrissait plus subtilement - car il ne voulait pas que cet autre lui-même en miniature, cette entité imbue d'elle-même et pleine d'insolence ne lui claque entre les doigts maintenant".
Incapable de retirer mes yeux des pages, j'ai continué ma lecture, tout en sachant que j'aurais du mal à en revenir indemne.
L'écriture de Robin Cook est un nectar dont la plume a été trempée dans le poison.
Normal, me direz-vous, pour nous présenter une galerie de personnage aussi fabuleuse, leur faire descendre la pente sans qu'ils puissent se plaindre et nous servir une telle enquête ! Enquête, qui, au départ, pourrait sembler un peu "simpliste" mais ce serait faire injure à l'auteur que de le croire une seule seconde.
J'ai serré les dents plusieurs fois lors des sévices d’autoflagellation que s'inflige le tueur. Bien que non concernée par cette "chose", j'ai eu mal pour lui.
Un grand roman noir, mais un roman en deuil... Mes dents étaient serrées, mais j'ai eu mon coup de coeur !
Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, le "Mois anglais III" chez Titine et Lou et "Challenge Ma PAL fond au soleil - 2ème édition" chez Metaphore.
Titre : Comment vivent les morts (Service A14)
Auteur : Robin Cook
Édition : Gallimard (2003)
Résumé :
Où donc est-elle allée, la belle Marianne qui réjouissait par ses chansons la bonne société de ce patelin de la campagne anglaise ?
Et pourquoi reste-t-il invisible, ce chef de la police locale ? Et quel jeu joue-t-il, ce chef d'entreprise des pompes funèbres ? Serait-ce que, dans les petites villes, les malfrats valent
largement ceux des grandes métropoles ?
Une étrange et romantique histoire d'amour fou.
Critique :
Pour moi, dans mes souvenirs, les années 80 étaient géniales, mais j'étais gosse... Dans ce roman de Cook, l'Angleterre des années 80 n'est pas très folichonne.
Notre flic sergent sans nom de l'A14, le service "Décès non élucidés", est toujours aussi cynique et a embarqué son impolitesse pour Thornhill, une petite ville à 140 km de Londres.
Pourquoi ? Parce que "La voix" le lui a demandé : on est sans nouvelles d'une habitante depuis 6 mois ! Ce n'est même pas son mari qui a signalé sa disparition, ni même les flics de la ville. Non, juste les commérages qui sont arrivés aux oreilles du Chief Constable et c'est lui qui a prévenu la Criminelle, passant l'eau du bain au service de notre ours mal luné de sergent enquêteur.
Mais les gens ne sont pas disposés à causer... Personne n'a rien vu, ou si peu, personne ne s'est posé de questions, rien, que dalle. Il faudra toute la ténacité et la brutalité du sergent pour dénouer ce sac de noeud.
La tournure de l'enquête m'a surprise car j'étais loin de me douter de tout ce que cette disparition pouvait cacher !
Mélange d'histoire d'amour intense, de magouilles et de chantages, ce roman comporte aussi quelques gens "d'en bas", tombés à cause de gens plus véreux qu'eux. Nous sommes dans la fange de la société, celle des laissés pour compte.
Ici, les plus véreux ne sont pas toujours ceux que l'on croit et la criminalité tient plus du col blanc que du marcel taché par des traces graisseuses dont l'origine n'est pas garantie.
Tout est pourri dans ce petit royaume où se retrouve concentré tous les maux d'une société à deux vitesses, ainsi qu'une forte dose de corruption.
Portait noir d'une société pourrissante. Le ton du début est grinçant, le sergent est à prendre avec des pincettes, cherchant la bagarre avec tout le monde provoquant le conflit non stop.
La seule chose qu'il a à perdre, c'est son job, tout le reste il l'a déjà perdu...
Un seul point noir dans le roman : un peu trop de bla-bla inutile parfois. Malgré tout, cela reste un bon roman noir, mais en-deça d'un "J'étais Dora Suarez".
Challenge "Thrillers et polars" de Liliba (2013-2014), au Challenge "I Love London II" de Maggie et Titine, à Lire "À Tous Prix" chez Asphodèle , au "Mois anglais III" chez Titine et Lou et au "Challenge Ma PAL fond au soleil - 2ème édition" chez Metaphore.
Titre : Quand se lève le brouillard rouge
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (1995)
Résumé :
À sa sortie de prison, Gust, gangster professionnel, dérobe avec quelques complices deux mille passeports britanniques authentiques dont le prix minimum au marché noir est de mille livres l'unité.
Un joli pactole que des truands londoniens veulent négocier avec des éléments désormais incontrôlés de l'ex-KGB qui veulent se refaire une identité respectable et écouler des têtes nucléaires en provenance des arsenaux de l'ex-armée rouge.
Mais les services secrets anglais du contre-espionnage sont sur l'affaire.
Petit Plus : "Quand se lève le brouillard rouge" est le dernier roman écrit par Robin Cook (1931-1994) et peut-être son chef-d’œuvre.
La sécheresse du ton accentue encore le pouvoir d'émotion de cette magnifique épure, à la fois distante et intimiste, comme traversée d'un prémonitoire sentiment d'urgence absolue et s'achevant dans un silence de mort..."
Critique :
Titre : Le Mort à vif (Service A14)
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (1996)
Résumé :
Elle poussa un cri en découvrant le couteau.
Fou de rage d'avoir saboté le travail (incapable de la pénétrer, il avait éjaculé sur ses cuisses), il jura entre deux gémissements de Flora : reste donc tranquille, bon dieu !, avant de lui ouvrir promptement le thorax jusqu'au coeur pour en observer le dernier battement, hurlant pour couvrir ses cris étranglés et ses appels de plus en plus aigus qui cessèrent brutalement, noyés dans un flot de sang, tandis que la caméra, installée avec soin, enregistrait toute la scène."
Dans le Mort à vif, nous retrouvons "l'usine", le service A 14 ("décès non éclaircis") et le flic sans nom de "J'étais Dora Suarez".
C'est un nouveau tueur psychopathe que Robin Cook nous décrit - mais de l'intérieur, cette fois : un homme dont le drame est de n'être qu'un mort qui marche au milieu des vivants, un être sans
épaisseur, qui s'efforce d'offrir aux autres l'image de la vie."
Titre : Il est mort les yeux ouverts (Service A14)
Auteur : Robin Cook
Édition : Folio Policier (1989)
Résumé :
Un soir, dans Londres, le cadavre d'un vieil ivrogne est découvert avec les membres brisés et plusieurs marques de sévices à la tête.
Cette affaire banale n'intéresse guère la police criminelle qui la confie au narrateur anonyme, un enquêteur de la section A14, le service des décès non éclaircis.
La victime s'appelait Staniland. Il tenait une sorte de journal de bord et s'enregistrait sur cassettes.
Grâce à ces documents, le narrateur va s'imprégner de la personnalité du mort et côtoyer ses anciennes fréquentations pour tenter de remonter la source du crime.
Petit Plus : "Il est mort les yeux ouverts" est le récit d'une errance les ténèbres. L'enquêteur progresse à l'aveugle mais avec obstination dans sa quête, vers un dénouement inéluctable.
Dans chaque confession de Staniland, c'est une part de sa vie que dévoile Robin Cook.
Un livre d'une noirceur absolue, comme Cook lui-même, l'un des écrivains britanniques majeurs de sa génération.
Critique :
Titre : On ne meurt que deux fois (Service A14) - Ancienne édition de "Il est mort les yeux ouverts)
Auteur : Robin Cook
Édition : Série Noire Gallimard
Résumé :
Ce vieux raté, assassiné comme un clochard dans un faubourg de Londres, et qui avait raconté sa vie triste et passionnée sur des cassettes, pourquoi me fascinait-il ?
Étions-nous compagnons de misère dans notre mal d'amour, dans notre mal de vivre ?
Critique :
Titre : Cauchemar dans la rue
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (1989)
Résumé :
Inlassablement, Kléber livrait la même bataille. Il ne savait jamais très bien comment il s'y était engagé. Mais cela ne changeait rien. Sans qu'il pût s'expliquer pourquoi, il se retrouvait toujours seul, à se battre à la fois pour les vivants et pour les morts, pour le visible et l'invisible.
À ses yeux, les morts étaient aussi réels que les vivants, surtout s'ils étaient morts injustement.
Petit Plus : "Une étrange fleur poussée sur un absolu désespoir". (Jean-Paul Morel, VSD)
"Ça oscille entre Céline et Eluard, Shakespeare et Verlaine. C'est beau. Surréel." (Monique Lefèvre, Télérama)
"Un roman fou, un roman-recherche, un roman-douleur, un roman d'amour, un vrai roman." (Jean-Pierre Mogui, Le Figaro Littéraire) "
"Cauchemar dans la rue" abolit sans complexe les frontières entre le visible et l'invisible et se présente comme une sorte de conte de fées d'une absolue noirceur, propose d'inquiétantes variations sur le thème éminemment surréaliste de l'amour fou triomphant de la mort." (Bernard Le Saux, L'Evénement du Jeudi)
"Une oeuvre de démesure, une folle danse au bord du précipice... Polar mystique, conte de fées noir ? Inclassable comme son auteur." (Bertrand Audusse, Le Monde)."
Titre : Quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre
Auteur : Robin Cook (II)
Édition : Payot et Rivages (2003)
Résumé :
Richard Watt, journaliste anglais, vit en exil en Italie avec sa compagne Magda depuis qu’il a fui une Angleterre gouvernée par un Premier ministre "socialiste", en réalité un dictateur.
En effet, Jobling - c’est son nom - se refuse à organiser de nouvelles élections à l’expiration de son mandat.
Petit Plus :
Publié en 1970 et salué par la presse anglaise comme un digne successeur du 1984 de George Orwell, Quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre (dont le sous-titre est "Un avertissement pour ceux qui ne sont pas curieux") est un roman prémonitoire et plus que jamais d’actualité, qui dénonce le "totalitarisme des démocraties en décadence et dégénérescence, se voulant des modèles de libre entreprise et de libéralisme, qui font fi rapidement de leurs propres lois et de leurs codes judiciaires qu’elles n’hésitent pas à transgresser ou à bafouer au nom de l’intérêt général, d’impératifs économiques, d’états d’urgence ou de sécurité publique.
Elles entrouvrent alors la porte à un fascisme ordinaire qui ne tardera pas à gangréner insidieusement les fondements et les institutions démocratiques d’un pays, à partir d’une prise de pouvoir parfaitement légale, avant de se muer en un pouvoir personnel ou collectif résolument autocratique." (Jean-Pierre Deloux, Polar spécial Robin Cook)
Critique :
Toscane... Deux anglais expatrié loin de leur pays... ♪ We're poor lonesome english ♫ We're a long long way from home ♫
Pourquoi ? Pour le climat ? En quelque sorte. Voyez-vous, monsieur Richard Watt était un journaliste concencieux qui a, lors d'un interview d'un politicien, été trop loin.
Rien de bien méchant, Richard n'a fait que son boulot de journaliste : pousser le politicien Jobling dans ses retranchements, le faire s'énerver afin de dénoncer son côté tyrannique et mettre en
garde ses concitoyens (qui furent plus cons que citoyens).
Las, il fut obligé de fuir le pays, comme un certain Edward Snowden car il ne fait jamais bon d'être le messager.
Ce roman est une dystopie qui pourrait donner la main au "1984" de Orwell car il dénonce la prise de pouvoir par un seul homme qui s'arroge tous les droits et qui fait marcher
tout le monde au pas, virant aussi ceux qui lui plaisent moins dans la population (ici, les gens de couleur).
Un tyran règne donc sur la Perfide Albion, le pays de Galles et l'Écosse ayant fait sécession. Le pays de Sa Très Gracieuse Majesté sombre dans la nuit sombre du fascisme et l’auteur nous décrit ce qu'il pourrait se passer dans ce pays voué à une dictature…
Pour dire vrai, j'ai eu du mal avec ce roman, surtout le début, qui est lent, mais lent... Les digressions de Richard sur sa vie dans le petit village toscan de
Roccamarittima sont à bailler d'ennui. Toute la première partie, en fait.
Sautant des pages, passant des paragraphes entiers, je n'ai pas retrouvé la plume enchanteuse des autres romans tels que "Les mois d'avril son meurtriers" ou du sublime "J'étais Dora
Suarez".
Jamais je n'ai réussi à m'attacher au personnage comme je me suis attaché au sergent sans nom du service A14.
Par contre, bien que je n'ai pas aimé ce roman et que j'ai abandonné l'affaire, je dois quand même souligner qu'il a le mérite de vous donner une claque dans sa seconde partie.
Dénonciations des anglais exilés, les autres pays qui regardent ailleurs, la presse muselée ou concillante parce que c'est ce qu'elle veut, fausses accusations, camps de concentration
(rééducation) pour les contestataires,...
Le chantage qu'excerce le tyran Jobling sur l'Italie est abject, mais rien de science-fictionnel dans cette manière de faire, hélas. Au nom de l'économie, on regarde ailleurs, on fait son petit
business et on évite de parler des gens qui souffrent parce qu'ils ont osé dire la vérité.
Ce fascisme est une gangrère qui contamine les membres sains, faisant pourrir les fruits de toute la corbeille, chariant un sang chargé d'idées sales.
Les lois et les codes judiciaires sont bafoués, violés, piétinés au nom de l’intérêt général, pour des motifs économiques, des états d’urgence immaginaire ou au nom de la sécurité publique.
Les gens sont broyés par le système, laminé par le pouvoir, usé par les chantages en tout genre et les fausses promesses.
Publié en 1970, Robin Cook n'avait pas dû chercher bien loin l'inspiration, vu comment le monde tournait à cette époque là.
Dommage que je n'ai pas accroché à ce roman qui pourtant est d'une sombritude (néologisme offert royalement) à faire peur.
Par contre, restons vigilant, on nous trompe et nous ne disons rien...
Challenge "Thrillers et polars" de Canel (2014-2015) et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.
Titre : Vices privés, vertus publiques
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (1993)
Résumé :
Vices privés, vertus publiques est un livre élouissant sur le naufrage d'un monde, la face obscure de la joyeuse Angleterre des sixties, royaume pourrissant gangrené par la course au fric, où les rejetons de la gentry n'hésitent pas à se reconvertir dans l'industrie pornographique.
C'est un opéra crépusculaire vénéneux, situé dans le décor microcosmique d'un château du XVIIe siècle sur lequel veille, sourde aux craquements annonçant l'effondrement de son univers, une Lady de fer dont l'une des filles milite au PC et recrute à l'office, tandis que l'autre, belle figure pathétique, s'avilit méthodiquement en se prostituant, toute son énergie tendue à toucher le fond de l'abjection...
Sans doute ce que Cook a écrit de plus fort." (Bernard le Saux, L'Evénement du Jeudi)"
Titre : Un écart de conduite
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (2012)
Résumé :
George Breakwater, 33 ans, sans emploi, ancien élève comme son père de la prestigieuse école privée d’Eton, est condamné à une amende de 50 livres pour un attentat à la pudeur commis dans un pub
de Londres. Fermement incité par le magistrat à consulter un psychiatre, Breakwater entreprend une série de séances au cours desquelles il va révéler de larges pans de son passé et, du même coup,
l’essence même de la classe sociale dont il est issu et qu’il rejette et condamne violemment, en bloc.
Petit Plus : Avec "Mémoire vive" — écrit 26 ans plus tard —, "Un écart de conduite" est le livre le plus personnel de l’auteur de "J’étais Dora Suarez".
C’est un règlement de comptes avec ses origines et son milieu, dont il avait absolument besoin de se libérer avant de poursuivre son œuvre littéraire.
Titre : Bombe surprise
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (1997)
Résumé :
La porte s'ouvrit lentement et un homme en blouse blanche entra, éclairé par une faible lumière venue du couloir, qui laissait son visage dans l'ombre. L'homme porta son index à ses lèvres.
— Chut ! ordonna-t-il. Alors, on se sent mieux ?
— Je ne suis pas fou, je suis policier, j'appartiens aux services spéciaux. Je lutte contre un complot fasciste ! Mes supérieurs ont tous perdu la tête, ou bien ce sont des traîtres...
— Oui, je vois, paranoïa aigüe."
Petit Plus : Le ton général de l'ouvrage est léger, humoristique, pince-sans-rire, mais ne perd jamais ni de sa virulence ni de sa causticité.
Robin Cook y brocarde les tentations fascistes de factions de l'époque (le livre a été écrit en 1966).
Les éclosions du National Front et de son homologue français, quelques années plus tard, vont rendre moins dérisoires et moins négligeables les avatars et autres péripéties burlesques qui traversent bombe surprise.
Titre : Crème anglaise
Auteur : Robin Cook
Édition : Gallimard (1995)
Résumé :
De vrais petits durs, ces milords-là. Prêts à tout pour rigoler. Et cette fois, on leur proposait un coup fumant, aux oeufs. Quelques millions en faux billets de cinq livres à faire passer en
Angleterre, d'Allemagne de l'Est. Tout avait été prévu... enfin presque. Ils avaient seulement oublié que dans ce bizness on ne peut avoir confiance en personne.
Titre : La Rue obscène
Auteur : Robin Cook
Édition : Payot et Rivages (2004)
Résumé :
Malgré les exhortations de sa mère, Lord Eylau, baron pair du royaume et dernier du nom, ne trouve guère de noblesse à sa famille et chez ceux de sa classe.
Célibataire, ruiné, il aborde la quarantaine avec la conviction que son éducation ne l'a pas préparé au travail. Pour survivre, il accepte d'être gérant d'une maison de fantasmes", sise à Soho, dans "la rue obscène".
Un véritable pair du royaume, cela donne du prix au vice. Surtout s'il fait participer aux "spectacles" sa maîtresse, une femme aveugle, mère de deux enfants, qu'il a ravie à un ecclésiastique de campagne.
Petit Plus : Publié en 1971, "La Rue obscène" est un aperçu féroce du déclin de l'empire britannique."